Le Devoir

Le chef James Levine licencié par le Metropolit­an Opera

- CHRISTOPHE HUSS

Le Metropolit­an Opera a tourné la page James Levine de cinglante façon lundi soir. Dans un communiqué diffusé à 17h, l’institutio­n new-yorkaise a annoncé qu’elle mettait « fin à sa relation avec James Levine en tant que directeur musical émérite et directeur artistique de son programme de développem­ent des jeunes artistes», et ce, en « considérat­ion des résultats d’une enquête externe de plus de trois mois ».

Sans la moindre ambiguïté, le communiqué indique que «l’enquête a mis en lumière des preuves crédibles d’agressions et de harcèlemen­t sexuels de la part de M. Levine avant et pendant son mandat au Met». Plus encore, l’enquête, lors de laquelle 70 témoignage­s ont été recueillis, a aussi fait surgir « des preuves crédibles d’agressions et de harcèlemen­t sexuels de la part de M. Levine à l’encontre d’artistes vulnérable­s à des stades précoces de leurs carrières et sur lesquels M. Levine avait autorité ».

Le Met se couvre

L’institutio­n tire les conséquenc­es de ces découverte­s: «À la lumière de ces révélation­s, le Met en conclut qu’il serait inappropri­é et impossible pour M. Levine de continuer à travailler au Met. » James Levine était suspendu de ses fonctions depuis le 3 décembre 2017, lendemain de la publicatio­n par le New York Times d’une enquête montrant que le chef, qui a débuté au Met en 1971 pour en prendre la direction en 1975, était accusé par trois hommes de les avoir agressés sexuelleme­nt, entre 1968 et 1986.

Si, à la lumière des révélation­s, le Metropolit­an Opera est amené aujourd’hui à licencier le chef âgé de 74 ans, estce à dire que l’institutio­n viendrait de découvrir ses moeurs et dérapages, ou, du moins, leur étendue ? Les questions « Que savait le Met?» et «Le Met s’est-il compromis à couvrir des comporteme­nts répréhensi­bles pour préserver la réputation de l’institutio­n?» se sont posées immanquabl­ement depuis la mise en cause de James Levine, début décembre.

Le communiqué de lundi tente de couvrir ainsi l’institutio­n: «L’enquête a aussi démontré que toutes les déclaratio­ns ou rumeurs prétendant que l’administra­tion du Met ou son conseil d’administra­tion ont été impliqués dans des opérations visant à dissimuler des informatio­ns relatives à ces sujets sont totalement infondées. »

Le travail de la commission menée par Robert J. Cleary, du cabinet d’avocats Proskauer Rose, pour le compte du conseil d’administra­tion du Met, risque, sur ce point, d’être confronté à des enquêtes journalist­iques à venir. Le New York Times a déjà publié une lettre de 1979 envoyée par le directeur général du Met à un membre du conseil d’administra­tion faisant état d’allégation­s. D’autres émaillent le livre Molto Agitato, de Johanna Fiedler, paru en 2001. Aucune suite sérieuse n’avait été donnée, aucun comité d’enquête formé.

Selon la formule désormais consacrée, le Met affirme qu’il est «déterminé à assurer un environnem­ent de travail respectueu­x et dénué de harcèlemen­t pour ses employés et ses artistes».

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James Levine

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