Le Devoir

La Cour d’appel décidera du sort de Guy Turcotte

L’ex-cardiologu­e demande une réduction du délai avant son admissibil­ité à une libération conditionn­elle

- AMÉLI PINEDA

Le sort de Guy Turcotte est désormais entre les mains de la Cour d’appel. Condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de ses deux enfants, l’ex-cardiologu­e conteste le délai de 17 ans avant son admissibil­ité à une libération conditionn­elle.

«C’est un dossier qui n’est pas facile et on doit le prendre en délibéré », a expliqué le juge Allan R. Hilton, qui a entendu avec les juges Marie St-Pierre et Claudine Roy les représenta­tions des deux parties mardi.

Reconnu coupable des meurtres non prémédités de ses deux enfants, Guy Turcotte estime que le juge André Vincent, de la Cour supérieure, n’a pas tenu compte de sa maladie mentale lorsqu’il lui a imposé sa peine en 2016.

Son avocat a fait valoir que le juge Vincent n’a pas tenu compte de la crise suicidaire que traversait l’ancien cardiologu­e au moment du crime.

«Il y a une évacuation spectacula­ire de tout l’aspect relatif à l’état mental dans l’élaboratio­n de la peine dite adéquate », a plaidé Me Pierre Poupart.

Il demande que le délai avant d’être admissible à une libération conditionn­elle soit « entre 15 ans et 10 ans ».

La poursuite estime qu’au contraire, la peine a été fixée en fonction de la gravité et de la violence des deux meurtres.

«Cet homme-là savait exactement ce qu’il faisait», a martelé le procureur de la Couronne, Me René Verret, rappelant le nombre de coups portés sur chacun de ses enfants ainsi que les endroits ciblés sur leur corps.

Les trois juges du plus haut tribunal de la province doivent donc trancher la question de savoir si le juge Vincent a commis une erreur en droit.

«Le rôle des juges de la Cour d’appel n’est pas de se substituer au premier juge et de recommence­r le processus de fixation de la peine à zéro en fonction de leur propre opinion de l’affaire. Leur mandat est de déterminer si le premier juge s’est trompé en rendant une peine manifestem­ent déraisonna­ble et de l’ajuster si la peine est beaucoup trop clémente ou sévère», souligne l’avocat criminalis­te Walid Hijazi.

En paix, mais pas d’accord

La mère des victimes, Isabelle Gaston, s’est dite en paix devant les procédures en cours, sans toutefois être d’accord avec une réduction de la peine.

«Je demeure persuadée que 17 ans, ce n’est pas beaucoup pour avoir tué deux enfants dans un contexte de simple séparation. Quand je dis “simple”, je ne dis pas que ce n’est pas souffrant et que je n’aurais pas aimé que ça se passe dif féremment, mais il y a deux enfants qui ont payé de leur vie », a confié Mme Gaston.

Même si elle assiste à l’audience en tant qu’observatri­ce — il n’y a pas de témoignage­s en Cour d’appel —, elle dit se faire un devoir de suivre toutes les étapes même si ces procédures «lui ont volé beaucoup d’années» de sa vie. «C’est mon rôle de parent d’être là jusqu’à la fin de ma vie», a-t-elle dit.

L’affaire Turcotte a ébranlé le Québec en 2009. Le 20 février de cette année-là, Guy Turcotte a poignardé ses enfants, Olivier, âgé de cinq ans, et Anne-Sophie, trois ans. Il avait aussi tenté de s’enlever la vie en buvant du liquide laveglace.

Lors de son premier procès en 2011, il avait été déclaré criminelle­ment non responsabl­e. Le verdict a été infirmé en Cour d’appel et Guy Turcotte a subi un deuxième procès en 2015, à l’issue duquel il a été reconnu coupable du meurtre non prémédité d’Olivier et d’Anne-Sophie.

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Guy Turcotte a été condamné en 2015 à la prison à perpétuité pour le meurtre de ses deux enfants.

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