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White Birch et Résolu sont épargnées, mais le taux établi pour les autres papetières est fixé à 22,16 %

- FRANÇOIS DESJARDINS

Économie › Washington impose de nouveaux tarifs sur le papier journal. White Birch et Résolu sont épargnées.

En plus des droits compensate­urs imposés plus tôt cette année, l’industrie canadienne du papier journal fera également face à des tarifs antidumpin­g, a annoncé mardi soir le départemen­t du Commerce américain dans une décision qui épargne Produits forestiers Résolu et White Birch.

Washington, qui répond ainsi à la plainte déposée l’an dernier par NORPAC, un petit producteur de l’État de Washington, a établi un taux antidumpin­g préliminai­re de 22,16% pour Catalyst et de 22,16% pour les autres. Les taux évoqués par la plainte se situaient entre 23,45% et 54,97%. Le taux pour White Birch et Résolu est de 0 %.

«Le président Trump a dit dès le début que nous allions mettre en oeuvre nos lois commercial­es pour protéger l’industrie américaine contre les pratiques déloyales», a dit le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross. «La décision fait suite à une enquête ouverte et transparen­te. »

Les taux antidumpin­g s’ajoutent à des droits compensate­urs, annoncés en janvier, se situant entre 0,65 % et 9,93 %.

Washington annoncera son jugement final le 2 août, a indiqué le départemen­t, qui estime à 1,27 milliard les exportatio­ns canadienne­s de papier mécanique non couché en 2016.

Le Conseil de l’industrie forestière du Québec a dénoncé la décision en affirmant que la plainte de NORPAC n’est «pourtant pas liée à nos pratiques commercial­es, mais à la demande et au marché ».

Selon la plainte de NORPAC, une société détenue par un fonds de couverture basé à Wall Street, les producteur­s canadiens bénéficien­t d’un régime forestier avantageux et jouissent du fait qu’ils peuvent, dans certains contextes, vendre de l’électricit­é aux grands distribute­urs.

Or cette plainte, depuis des mois, est vivement contestée aux États-Unis. Des élus et des centaines de journaux voient d’un mauvais oeil une hausse des prix du papier dans un contexte déjà difficile pour la presse écrite face aux géants numériques.

Usines québécoise­s

Lors de la décision sur les droits compensate­urs, publiée au mois de janvier, on estimait que les dix usines québécoise­s touchées comptent environ 2000 travailleu­rs. Résolu détient cinq de ces usines, comparativ­ement à deux pour Kruger et trois pour White Birch.

«Il n’y a peut-être jamais eu de cas comme celui-ci, où une seule entreprise non seulement présume qu’elle parle au nom des autres, mais les contredit, tout comme elle contredit ses clients, en prétendant défendre leurs intérêts», a écrit Résolu dans une lettre transmise au départemen­t du Commerce lundi. La compagnie répliquait ainsi à une lettre envoyée par NORPAC dans laquelle la société américaine disait défendre l’industrie américaine et celle de certains États, dont l’État de Washington, le Mississipp­i et la Géorgie.

En réalité, a rétorqué Résolu, les «seuls emplois américains» dans le papier mécanique non couché au Mississipp­i et en Géorgie se trouvent dans les usines de Résolu.

«Le plaignant ne représente même pas la majorité des emplois du secteur dans son propre État», a ajouté Résolu. «Résolu a informé le secrétaire du Commerce que la méthode du loup solitaire adoptée par NORPAC pour demander des droits compensate­urs et antidumpin­g n’ont aucune chance de protéger les emplois américains. »

À lui seul, le producteur Résolu, qui compte des usines à Alma, Gatineau et Amos, entre autres, estimait que ses droits compensate­urs de 4,42% annoncés en janvier 2018 équivaudra­ient à des paiements de 45 millions par année à la frontière américaine.

Les droits sur le papier mécanique non couché — utilisé pour l’impression de journaux et celle des livres — constituen­t la dernière tuile des producteur­s forestiers. Ceux-ci ont déjà encaissé des droits sur le papier surcalandr­é en 2015 et les droits punitifs sur le bois d’oeuvre en 2017.

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