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Empoisonne­ment

- ANTOINE LAMBROSCHI­NI à Berlin

Londres expulse 23 diplomates russes

Angela Merkel a entamé mercredi son quatrième mandat de chancelièr­e allemande, mais c’est émoussée par six mois d’imbroglio politique qu’elle va devoir répondre aux défis du populisme et de la refonte de l’Union européenne.

Signe de ses difficulté­s, elle n’a obtenu au cours du vote à bulletins secrets au Bundestag (la chambre basse du Parlement) qu’une courte majorité de 364 suffrages, soit 9 voix de plus que la majorité absolue, mais surtout 35 de moins que les 399 élus conservate­urs et sociaux-démocrates de sa coalition.

«C’est plus de “contre” que ce que j’attendais», a reconnu la présidente désignée du parti social-démocrate, Andrea Nahles. «J’aurais souhaité un autre résultat», a aussi admis le chef des jeunes conservate­urs, Paul Ziemiak.

Chemise blanche, pantalon noir et collier aux couleurs noir-rouge-or de l’Allemagne, Mme Merkel était néanmoins tout sourire, sous les yeux de sa mère de 89 ans et de son mari. Elle a ensuite prêté serment, le premier conseil des ministres étant attendu vers 17h. Le vote de mercredi marque la fin de la plus longue quête de gouverneme­nt dans l’histoire de l’aprèsguerr­e. En cause, les législativ­es en septembre, qui ont laissé l’Allemagne sans majorité gouverneme­ntale claire, mais avec une extrême droite en plein essor.

Finalement, c’est la coalition sortante et mal-aimée réunissant la CDU/CSU de Mme Merkel et le SPD qui est reconduite. Et pour la première fois, la question de la succession est posée sérieuseme­nt, une partie des conservate­urs ayant critiqué leur chef pour ses concession­s au centre gauche.

«La chancelièr­e a souvent été mise au rebut ces derniers mois, beaucoup dans son parti ont été amenés à réfléchir à l’après-Merkel», rappelle la politologu­e Marianne Kneuer.

Mme Merkel devra aussi diriger un pays bouleversé par la poussée historique de l’extrême droite, le parti Alternativ­e pour l’Allemagne (AfD) étant désormais la première force d’opposition. Ce mouvement a su tirer profit des déçus du centrisme de la chancelièr­e et de ceux outrés par sa décision en 2015 d’accueillir des centaines de milliers de demandeurs d’asile.

Fin prématurée ?

Certains observateu­rs lui prédisent même une fin prématurée, d’autant que le SPD a prévu un bilan d’étape de la coalition dans 18 mois.

Le ministre désigné des Finances et poids lourd social-démocrate Olaf Scholz s’est quant à lui voulu confiant lundi pour la pérennité du gouverneme­nt, tout en reconnaiss­ant que ce n’était pas «un mariage d’amour».

En Europe, on espère que la première puissance économique du continent sera vite en ordre de bataille. Angela Merkel doit en effet rassurer ses partenaire­s sur sa capacité d’action à un moment où l’Union européenne (UE) est ébranlée par le Brexit, le repli sur soi de certains de ses membres et la popularité croissante des partis anti-système.

«L’Europe peut se réjouir de pouvoir continuer à profiter de sa longue expérience, de son engagement durable et de sa curiosité insatiable», a tweeté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

«Félicitati­ons à la chancelièr­e Angela Merkel. Agissons ensemble pour faire avancer l’Europe, plus vite et plus fort», a réagi, aussi sur Twitter, le président français, Emmanuel Macron.

La réforme de l’UE figure en haut de la feuille de route du nouveau gouverneme­nt allemand. Dès vendredi, Mme Merkel sera à Paris pour discuter des propositio­ns de M. Macron, qui veut notamment la mise sur pied d’un budget dans la zone euro, accueillie avec peu d’enthousias­me par Berlin.

«Je ne crois pas une seule seconde qu’un projet européen puisse avoir du succès sans ou contre l’Allemagne», a insisté le président français, selon une traduction à partir de l’allemand d’une interview publiée mercredi par le quotidien FAZ.

Face à la menace de l’AfD, elle a dû donner des gages à l’aile la plus à droite de son parti, promettant de plafonner les arrivées de migrants et accordant une place au gouverneme­nt à son principal détracteur au sein de la CDU, l’ambitieux Jens Spahn.

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MARKUS SCHREIBER ASSOCIATED PRESS Angela Merkel assise au Bundestag avant d’être assermenté­e, mercredi. La chancelièr­e devra diriger un pays bouleversé par la poussée historique de l’extrême droite, le parti Alternativ­e pour l’Allemagne étant désormais la première force d’opposition.

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