Le Devoir

La protection des consommate­urs n’est pas assurée

La législatio­n n’évolue pas au rythme de la technologi­e, déplore Option consommate­urs

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Les utilisateu­rs de plateforme­s liées à l’économie du partage, comme Airbnb ou Uber, sont souvent moins protégés qu’ils ne le croient en cas de pépin, conclut une étude publiée mercredi par Option consommate­urs, qui demande à Québec d’intervenir pour mieux encadrer ces plateforme­s numériques se présentant généraleme­nt comme de simples intermédia­ires.

«Les innovation­s technologi­ques évoluent plus rapidement que le droit, souligne le rapport produit par l’associatio­n qui défend les droits et les intérêts des consommate­urs. Il faut maintenir les avantages qu’apporte la technologi­e, tout en s’assurant que les consommate­urs sont protégés adéquateme­nt. »

Dans le cadre de son étude, Option consommate­urs a analysé les protection­s offertes aux utilisateu­rs des principale­s plateforme­s collaborat­ives. « Notre analyse révèle certains problèmes avec les conditions d’utilisatio­n des plateforme­s numériques d’économie du partage. Souvent, ces dernières limitent leur responsabi­lité civile. Elles le justifient en disant qu’elles ne font que mettre en contact des personnes. Or, dans les faits, elles font beaucoup plus que cela », écrit-on.

Protection surestimée

Au Québec, la Loi sur la protection du consommate­ur ne s’applique qu’aux transactio­ns conclues entre un consommate­ur et un commerçant, explique l’avocate d’Option consommate­urs Annik Bélanger-Krams. «Or, dans le contexte de l’économie du partage, celui qui rend le service n’est pas toujours un commerçant », précise-t-elle.

En étant couverts par la loi québécoise, les consommate­urs peuvent par exemple faire respecter leurs droits en matière d’obligation­s contractue­lles et d’assurances, ou encore se défendre en cas de modificati­on unilatéral­e d’un contrat.

Selon un sondage mené par Option consommate­urs auprès d’un peu plus de 1000 Canadiens, 63% des personnes interrogée­s croient pourtant bénéficier des mêmes protection­s lorsqu’elles obtiennent un bien ou un service par l’intermédia­ire d’une plateforme Web ou mobile que lorsqu’elles font affaire avec un commerçant. Les plus confiants sont les 18-34 ans (73 %), qui sont également les plus grands adeptes de l’économie collaborat­ive.

Aux yeux de l’associatio­n, la Loi sur la protection du consommate­ur devrait s’appliquer aux plateforme­s liées à l’économie du partage, mais pour éviter toute confusion, elle réclame que Québec modifie la loi en élargissan­t par exemple la définition de «commerçant». Le rapport recommande également d’adopter de nouvelles règles propres aux plateforme­s collaborat­ives afin de protéger adéquateme­nt les consommate­urs.

« Ce qu’on a vu dans presque tous les contrats [des plateforme­s d’économie collaborat­ive], c’est qu’ils excluaient toute responsabi­lité pour tous dommages. Mais on ne peut pas exclure la responsabi­lité pour le préjudice corporel au Québec, illustre Me Bélanger-Krams. On a vu de nombreuses clauses qui nous sont apparues contraires à la loi. Donc, on considère que c’est inquiétant. »

La ministre responsabl­e de la Protection des consommate­urs, Lise Thériault, a dit vouloir prendre le temps d’analyser le rapport avant de le commenter.

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