Le Devoir

Des agronomes dans la ruche des fabricants de pesticides

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Le 19 février 2018, la ministre Isabelle Melançon, responsabl­e du Développem­ent durable et de l’Environnem­ent, présentait la mise en oeuvre de la Stratégie québécoise sur les pesticides. Sans interdire l’utilisatio­n des nicotinoïd­es responsabl­es de la mort de milliers d’abeilles, elle confère aux membres de l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ) le soin d’encadrer l’utilisatio­n de ces pesticides tueurs d’abeilles et possibleme­nt néfastes pour la santé publique, en prescrivan­t leur utilisatio­n selon certaines conditions.

Mais là où le bât blesse cependant, c’est lorsque l’on apprend que «la majorité des agronomes travaillan­t dans le domaine de la protection des plantes sont en effet liés à l’industrie des pesticides» (Le Devoir, 12 mars 2018). De plus, la majorité des études qui ont conduit Santé Canada à autoriser l’utilisatio­n de tels pesticides proviennen­t de recherches effectuées par l’industrie agrochimiq­ue. Ainsi, selon Équiterre, «entre 60 et 74% des études utilisées par les autorités réglementa­ires émanent de l’industrie ».

De telles pratiques ne reflètent-elles pas un laxisme évident de la part de nos dirigeants, dont la préoccupat­ion première devrait être la protection de l’environnem­ent et le souci de la santé de la population? Nos décideurs agissent-ils par naïveté ou par complaisan­ce envers une industrie qui patauge dans les conflits d’intérêts? Dans un cas comme dans l’autre, l’attitude de nos gouvernant­s est déplorable et mérite d’être dénoncée haut et fort.

Marcel Perron

Neuville, le 13 mars 2018

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