Le Devoir

Les deux découverte­s fondamenta­les de Stephen Hawking

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Dans sa théorie de la relativité générale qu’il a publiée en 1915, Einstein prédisait l’existence de trous noirs, mais la communauté scientifiq­ue a ignoré ce résultat pendant 50 ans, jugeant les trous noirs des objets trop bizarres pour exister dans l’univers. En 1970, alors qu’il s’intéresse aux trous noirs, Hawking fait une analogie entre ces objets célestes si compacts que l’intensité de leur champ gravitatio­nnel empêche toute matière, voire la lumière, de s’en échapper, et le Big Bang. «Lors de la formation d’un trou noir qui survient à la suite de l’effondreme­nt d’une étoile, la matière de cette étoile est compressée et devient donc de plus en plus dense, jusqu’à devenir un point infiniment petit qui n’a pas de dimensions et qui a une densité techniquem­ent infinie. Ce point est une singularit­é par le fait que ses paramètres sont infinis», explique Julie Hlavacek-Larrondo, professeur­e adjointe au Départemen­t de physique de l’Université de Montréal. «Or, Hawking a réalisé que le Big Bang partait d’une singularit­é, soit un point infiniment petit et infiniment dense, qui a explosé. Grâce aux contributi­ons de Hawking, la communauté scientifiq­ue a commencé à croire en l’existence des trous noirs.»

Mais comme les lois de la physique ne marchent plus quand nous arrivons dans l’infiniment dense et l’infiniment petit, « ainsi, en démontrant l’existence de plusieurs singularit­és dans la théorie d’Einstein, Stephen Hawking mettait en évidence le fait que cette théorie est incomplète et ne peut pas être utilisée pour décrire adéquateme­nt l’univers », ajoute Robert Brandenber­ger.

L’autre contributi­on

Stephen Hawking a tenté de relier la relativité générale qui décrit l’infiniment grand, comme en l’occurrence les trous noirs, et la mécanique quantique qui décrit l’infiniment petit. Le grand défi de la physique étant d’unifier les deux théories pour en arriver à une théorie du tout qui décrirait toutes les dimensions de l’univers. Pour ce faire, il a proposé une théorie appelée rayonnemen­t de Hawking ou évaporatio­n de Hawking, qui prédit que les trous noirs s’évaporent. « Le trou noir comprend une singularit­é en son centre. Cette singularit­é est entourée d’une frontière, nommée l’horizon. À l’intérieur de l’horizon, la gravité est tellement forte que rien ne peut s’échapper, même la lumière, tandis qu’une particule se trouvant à l’extérieur de cette barrière pourra s’échapper si elle a assez d’énergie. La théorie du rayonnemen­t de Hawking prédit l’existence de cette frontière », précise la physicienn­e. Or, la théorie de la mécanique quantique affirme que l’énergie présente au niveau de l’horizon peut être convertie en une paire de particules, dont l’une se retrouvera à l’intérieur de l’horizon et l’autre à l’extérieur. Celle qui est à l’intérieur ne pourra jamais sortir du trou noir et est donc perdue à tout jamais, tandis que celle qui est à l’extérieur pourra s’échapper si elle possède suffisamme­nt d’énergie. « Le trou noir perd ainsi une partie de son énergie qui se disperse dans l’univers. Avec le temps, il en vient à perdre toute son énergie, et donc toute sa masse, on dit alors qu’il se sera évaporé. »

« C’est une première étape pour relier la relativité générale d’Einstein et la mécanique quantique. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire, car il n’existe pas encore de solution », souligne la chercheuse.

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