Les élèves immigrants sont plus motivés, mais réussissent moins bien
Dans les pays de l’OCDE, le désavantage socioéconomique et la barrière de la langue constituent des obstacles majeurs à leur intégration
Les élèves immigrants de première ou de seconde génération sont généralement plus motivés à l’école que ceux qui sont nés dans le pays où ils étudient. Par contre, les élèves immigrants, particulièrement les immigrants de première génération, ont davantage de difficultés à l’école, et sont désavantagés dans d’autres domaines influençant leur bien-être. Ils ont en général un sentiment moins développé d’appartenance aux institutions scolaires, éprouvent moins de satisfaction face à leur vie, et sont plus anxieux au sujet de l’école.
C’est ce que montre un rapport rendu public lundi par le Programme international pour le suivi des acquis aux élèves (PISA) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), portant sur les immigrants étudiant dans 35 pays.
«Dans la plupart des pays, lit-on dans le rapport, les élèves immigrants ont une plus grande motivation à réussir leurs études que les élèves natifs. En particulier, en Belgique, au Canada, au Danemark, en Finlande et aux Pays-Bas, les élèves immigrants sont 30% moins à risque de souffrir de faible motivation que les élèves natifs.» Au Royaume-Uni, l’écart atteint 46%. Inversement, en Israël ou au Mexique, les élèves immigrants sont moins motivés dans la poursuite de leurs études que les élèves natifs.
En général, par contre, les élèves immigrants affichent une moins bonne performance scolaire que les élèves natifs. Le rapport note que cela est particulièrement vrai pour les immigrants de première génération, qui sont euxmêmes, comme leurs parents, nés à l’extérieur du pays. En moyenne, dans tous les pays de l’OCDE, 51% de ces élèves n’atteignaient pas les critères minimaux en lecture, en mathématiques et en science, comparativement à 28% des élèves natifs du pays. Ces différences sont particulièrement probantes en Autriche, en Belgique, en Finlande, en Allemagne, en Islande, au Japon, au Luxembourg, en Slovénie, en Suède et en Suisse. Dans ces pays, les élèves immigrants sont deux fois plus à risque que les natifs de ne pas atteindre les exigences scolaires de base.
Des obstacles majeurs
L’étude tentait d’établir les facteurs de résilience des élèves immigrants dans leur pays d’accueil, et relevait, parmi ceux-ci, le sentiment d’appartenance à l’institution scolaire, l’usage de la langue du pays d’accueil, les conditions socioéconomiques, l’anxiété liée à la performance scolaire et le sentiment général de satisfaction par rapport à la vie.
Dans tous les pays de l’OCDE, le désavantage socio-économique et la barrière de la langue constituaient des obstacles majeurs à l’intégration des élèves immigrants. En France, en Islande, en Espagne, et au Royaume-Uni, les élèves immigrants exprimaient moins de satisfaction générale de la vie que les élèves natifs. En Espagne ou en Slovaquie, les immigrants ont un sentiment d’appartenance à l’institution scolaire beaucoup moins développé que les jeunes natifs de ces pays.
Parmi les politiques et pratiques stimulant la résilience des élèves immigrants, le rapport mentionne la politique canadienne qui évalue les aptitudes langagières et les aptitudes en mathématiques des nouveaux arrivants. On cite aussi les deux années préscolaires obligatoires, pour les enfants de quatre à six ans, qui visent l’intégration du langage, au Luxembourg. On mentionne également la nécessité d’octroyer des ressources scolaires supplémentaires en milieu socio-économiquement faible.
Cette étude sur vient à un moment où le nombre d’immigrants est en croissance rapide dans les pays de l’OCDE. En 2015, un élève de 15 ans sur quatre des pays de l’OCDE était né à l’étranger ou avait au moins un parent né à l’étranger. Entre 2003 et 2015, cette proportion a grimpé de six points, selon les calculs de l’OCDE.