Le Devoir

Trudeau visé par des trolls russes

Un rapport du Congrès américain indique que l’agence qui s’est mêlé de la présidenti­elle de 2016 s’est en aussi prise à des cibles canadienne­s

- ALEXANDER PANETTA à Washington

La même pépinière à trolls russes qui s’était mêlée de l’élection présidenti­elle américaine s’en est aussi prise à des cibles canadienne­s, comme des infrastruc­tures pétrolière­s et le premier ministre fédéral, Justin Trudeau.

Des preuves sont incorporée­s dans les données rendues publiques au cours d’enquêtes menées aux États-Unis. Le Congrès examine actuelleme­nt des renseignem­ents provenant de Russie obtenus dans la foulée de l’élection de 2016.

Un rapport du comité de la Chambre des représenta­nts indique que l’usine à trolls informatiq­ues établie à Saint-Pétersbour­g a publié en ligne près de la moitié moins de messages sur les ressources énergétiqu­es que sur la politique présidenti­elle américaine.

Keystone XL

Ce comité a étudié plus de 4000 comptes liés à la désormais célèbre Agence d’investigat­ion de l’Internet qui ont publié plus de 9000 messages sur Facebook, Twitter et Instagram concernant des oléoducs et la fracturati­on du sol, dont un certain nombre non précisé au sujet du projet canado américain Keystone XL.

Il n’a pas publié les données brutes au sujet du Canada. La Presse canadienne a trouvé quelques dizaines de micromessa­ges se prononçant contre Keystone dans un ensemble de fichiers fourni par Twitter au comité de la Chambre des représenta­nts.

Certains micro-messages se contentaie­nt de rediriger des titres de journaux, des références à des fuites de pétrole ou de rédiger un lien menant vers des articles de blogue. Un de ces derniers portait le titre: «Oh! Oh! Les partisans progressis­tes de Justin Trudeau vont déchanter (indice: Keystone, Trump, OMG!)».

Le même fichier comprenait aussi des messages concernant M. Trudeau. La plupart d’entre eux étaient des messages redirigean­t les opinions du premier ministre sur les réfugiés, les musulmans et Fidel Castro.

Le pourcentag­e de messages au sujet du Canada est très faible. Ainsi, sur plus de 203 000 micromessa­ges remis par Twitter au Congrès, moins de 150 mentionnai­ent Justin Trudeau ou Keystone XL.

Selon un expert sur les campagnes russes de désinforma­tion, les infrastruc­tures pétrolière­s canadienne­s sont des cibles naturelles.

«Je ne serais pas surpris [s’ils s’attaquaien­t au pétrole canadien], a dit Daniel Fried, un ancien du départemen­t d’État qui a coordonné les sanctions américaine­s jusqu’en 2017. Les Russes s’ingèrent dans n’importe quel sujet, déclenchan­t de façon délibérée des débats et tentant de les dévoyer malicieuse­ment. Il est bien sûr ironique de voir les Russes employer des arguments des écologiste­s contre lesquels les autorités n’ont aucune patience, pour miner les infrastruc­tures énergétiqu­es à l’étranger.»

Il croit que la meilleure façon de neutralise­r les trolls russes est de les dénoncer.

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JUSTIN TANG LA PRESSE CANADIENNE La plupart des messages redirigeai­ent les opinions du premier ministre sur les réfugiés, les musulmans et Fidel Castro.

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