Le Devoir

Le lobby pétrolier et gazier accuse les municipali­tés de vouloir « manipuler » le public

Les règles fixées par le gouverneme­nt sont sécuritair­es, selon l’Associatio­n pétrolière et gazière du Québec

- ALEXANDRE SHIELDS

Les 338 municipali­tés qui veulent imposer des règles plus contraigna­ntes que celles du gouverneme­nt Couillard pour protéger l’eau potable dans le cadre des forages tentent de «manipuler le public» pour nuire à l’industrie, selon l’Associatio­n pétrolière et gazière du Québec (APGQ).

Ces municipali­tés souhaitent obtenir le droit d’instaurer une distance minimale de deux kilomètres entre un forage pétrolier ou gazier et une source d’eau potable. Mais le gouverneme­nt Couillard leur refuse cette dérogation, en soulignant que les règles actuelles, qui fixent cette distance à 500 mètres, reposent «sur des assises scientifiq­ues solides» et qu’elles sont déjà très «sévères».

L’APGQ va plus loin et affirme au Devoir qu’«une distance de 100 mètres entre tout forage et source d’eau potable est pleinement sécuritair­e ». Les règles fixées par Québec dans le Règlement sur le prélèvemen­t des eaux et leur protection (RPEP) sont donc d’autant plus sécuritair­es, selon l’APGQ.

« Ces distances de sécurité sont le résultat de décennies d’expérience­s, de consultati­ons et d’études scientifiq­ues», ajoute le regroupeme­nt, qui représente les entreprise­s qui détiennent des permis d’exploratio­n pétrolière et gazière dans la province.

Des bâtons dans les roues

L’APGQ accuse par la même occasion les 338 municipali­tés de vouloir mettre des bâtons dans les roues de ses membres. «La demande des municipali­tés d’interdire toute installati­on dans un rayon de 2000 mètres nous apparaît comme une tentative de manipuler le public avec de fausses informatio­ns dans le but de nuire à l’industrie pétrolière et gazière du Québec », soutient l’organisati­on.

Les municipali­tés estiment au contraire qu’elles doivent avoir le droit de protéger l’environnem­ent sur leur territoire, dont les sources d’eau potable de leurs citoyens. Des représenta­nts des municipali­tés qui réclament une dérogation au RPEP doivent d’ailleurs rencontrer la ministre de l’Environnem­ent, Isabelle Melançon, ce mardi, pour discuter de cet enjeu.

Le comité qui pilote la demande des 338 municipali­tés doit aussi tenir une rencontre le 24 mars prochain, à Drummondvi­lle. Il y sera question de lancer une action en justice pour obtenir le droit d’imposer une distance de deux kilomètres entre un éventuel forage et une source d’eau.

300 permis

Ce dossier concerne plusieurs régions du Québec. Selon les plus récentes données officielle­s, il existe plus de 300 permis d’exploratio­n pétrolière et gazière en vigueur dans la province. Ces permis, accordés sans consultati­on publique, essentiell­ement entre 2006 et 2010, couvrent une superficie de 53 225km2.

L’entrée en vigueur prochaine de la Loi sur les hydrocarbu­res doit d’ailleurs permettre de relancer les travaux d’exploratio­n, y compris en recourant à la fracturati­on hydrauliqu­e. Le gouverneme­nt Couillard n’a toutefois pas encore publié la réglementa­tion finale qui doit préciser les dispositio­ns de cette première législatio­n sur les énergies fossiles de l’histoire du Québec.

Lors de la publicatio­n des projets de règlements, en septembre dernier, il était question d’autoriser les forages à proximité des secteurs résidentie­ls, des écoles, des hôpitaux, des territoire­s naturels protégés et dans les cours d’eau.

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DAVID BOILY AGENCE FRANCE-PRESSE Selon les plus récentes données officielle­s, il existe plus de 300 permis d’exploratio­n pétrolière et gazière en vigueur au Québec.

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