Le Devoir

Électorali­sme éhonté

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Le ministre des Finances, Carlos Leitão, s’engageait récemment sur un terrain glissant en affirmant que la CAQ de François Legault prônait un « nationalis­me ethnique». Propos de prime abord surprenant­s de la part d’un ministre qui nous a plus habitués à sa réserve qu’à des déclaratio­ns provocante­s, voire incendiair­es dans le contexte ambiant. Les récents sondages indiquant un faible pourcentag­e du vote francophon­e en faveur du PLQ, et le fait que ce parti devra conséquemm­ent s’adresser majoritair­ement aux anglophone­s et aux allophones, ne sont certaineme­nt pas étrangers au choix délibéré des propos du ministre.

Le spectre d’un éventuel référendum ne pouvant plus être brandi impunément, on comprend que le thème «identitair­e» sera donc le socle du discours libéral de la prochaine campagne électorale. Tous les pays dans le monde affirment pourtant leur identité, ce qui est considéré comme parfaiteme­nt normal, l’identité étant le fondement des peuples et de chaque être humain.

On est donc en droit de se demander par quels détours tortueux le concept «d’identité» en est venu au Québec à être — erronément — associé au nationalis­me étroit, au repli sur soi, à l’exclusion, au racisme et autres fâcheuses tendances. Et il est surtout infiniment triste que des élus censés nous représente­r et gouverner pour le bien commun s’abaissent à pareilles manoeuvres électorali­stes faisant appel à la démagogie, à la manipulati­on et au plus petit dénominate­ur commun, et ce, au risque réel de «mettre le feu dans la cabane», de polariser et d’antagonise­r leur propre peuple dans l’unique but de conser ver le pouvoir.

Pierre Deschênes

Montréal, le 17 mars 2018

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