Le Devoir

Montréalai­s polarisés

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Une petite foule s’est massée dimanche devant le consulat général de la Fédération de Russie à Montréal pour prendre part à une élection dont le résultat ne devait pas surprendre. Dans la file, Vladimir accepte de se confier aux médias, mais préfère ne pas donner son nom de famille. Le camionneur n’est pas seul à montrer une certaine réticence à commenter la situation dans son pays d’origine. Ekaterina Kondratyev­a, âgée de 30 ans, estime que, face à l’histoire de leur pays, ses compatriot­es ont raison d’être craintifs. « Chaque famille a perdu des personnes à cause de leurs opinions, explique-t-elle. Je pense que c’est dans notre sang d’avoir peur. » Ses grands-parents, qui demeurent toujours à Moscou, n’osent pas discuter de n’importe quel sujet au téléphone, illustre-telle. Mme Kondratyev­a a tenu à participer au scrutin de dimanche, même si elle doute que celui-ci puisse changer les choses. Elle attribue la popularité du président sortant à une machine de propagande bien huilée. Vladimir, lui, ne croit pas que ce long règne diffère de celui de la chancelièr­e allemande, Angela Merkel, en selle depuis 2005. Il félicite l’ex-officier du KGB d’avoir redressé sa patrie, de laquelle il tire maintenant une fierté renouvelée. «Dans les années 1990, j’avais honte de dire que j’étais Russe, ici au Canada », se souvient-il.

Lioudmila Aldatova, qui a fui la Russie il y a 18 ans, durant la seconde guerre de Tchétchéni­e, croit elle aussi que M. Poutine a redoré le blason de la Russie. «Il doit être le président. C’est le seul choix», a-t-elle lancé, catégoriqu­e.

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