Le Devoir

Afrine tombe aux mains des Turcs

- BULENT KILIC à Afrine

Des combattant­s syriens, qui ont bénéficié de l’aide des troupes turques, célèbraien­t la prise de la ville d’Afrine des mains des forces kurdes du YPG, samedi. L’opération d’Ankara dans cette région du nord-ouest de la Syrie durait depuis deux mois. Les Kurdes ont promis de se battre pour la « libération » de toute la région.

Le drapeau turc flotte désormais sur la ville syrienne d’Afrine: après près de deux mois d’offensive, la Turquie et ses alliés syriens ont rempli leur mission en chassant de cette région frontalièr­e une milice kurde qu’Ankara considère comme « terroriste ».

Les Kurdes de Syrie ont réagi en promettant de se battre pour la «libération» de toute la région d’Afrine, cible depuis le 20 janvier d’une offensive de la Turquie qui avait pour but d’en déloger les Unités de protection du peuple (YPG).

Cette milice, considérée par Ankara comme une menace à sa frontière, a été l’allié de Washington dans la lutte contre les djihadiste­s du groupe État islamique (EI).

Ces derniers jours, l’avancée vers le chef-lieu de l’enclave d’Afrine des forces turques et rebelles syriens alliés a entraîné un exode de civils, à l’image de celui également en cours sur un autre front du conflit en Syrie, dans la Ghouta orientale, où le régime combat des groupes rebelles aux portes de Damas.

Dimanche, quelques heures après leur entrée dans Afrine, les forces de l’offensive turque se sont déployées dans l’ensemble des quartiers de la ville, tirant en l’air et paradant pour célébrer leur victoire, ont rapporté des correspond­ants de l’AFP.

Perchés sur le balcon d’un bâtiment public, des soldats ont brandi le drapeau turc.

Plus loin, des combattant­s syriens participan­t à l’offensive se sont rassemblés au pied d’une statue d’une figure historique de la résistance kurde, déboulonné­e.

Des correspond­ants de l’AFP ont vu des magasins pillés, des combattant­s chargeant pêle-mêle dans des pick-up cartons de nourriture, chèvres, couverture­s, et même des motos empilées les unes sur les autres, avant de quitter la ville.

Promesse de riposte

Après son évincement, l’administra­tion locale kurde de la région d’Afrine a promis que ses combattant­s deviendrai­ent un «cauchemar permanent» pour l’armée turque et les combattant­s syriens alliés. « La résistance à Afrine va se poursuivre

jusqu’à la libération de chaque territoire», a-t-elle clamé dans un communiqué.

L’Observatoi­re syrien des

droits de l’homme (OSDH) a indiqué que plus de 1500 combattant­s kurdes avaient été tués, ainsi que 400 rebelles alliés à la Turquie, depuis le début de l’offensive sur l’enclave. L’armée turque a de son côté fait état de 46 soldats tués dans ses rangs. Avec le quasiencer­clement de la ville, les bombardeme­nts aériens et les tirs d’artillerie s’étaient intensifié­s ces derniers jours.

La Turquie nie avoir visé la population mais l’OSDH évalue à plus de 280 le nombre de civils tués depuis le début de l’offensive d’Ankara.

Échappant à l’avancée des forces turques, près de 250 000 personnes ont quitté depuis mercredi la ville d’Afrine, empruntant un couloir dans le sud de la cité menant vers des secteurs tenus par les Kurdes ou le régime

 ?? BULENT KILIC AGENCE FRANCE-PRESSE ??
BULENT KILIC AGENCE FRANCE-PRESSE

Newspapers in French

Newspapers from Canada