Le Devoir

La chasse à la corruption s’intensifie

Xi Jinping a engagé une campagne sanctionna­nt 1,5 million de cadres du parti

- PATRICK BAERT à Pékin

«La pire menace pour le Parti»… Au pouvoir depuis cinq ans, Xi Jinping a engagé une campagne sans précédent contre la corruption, qui a sanctionné pas moins de 1,5 million de cadres du parti au pouvoir en Chine. Des millions de fonctionna­ires de l’État pourraient à présent se retrouver dans le viseur.

Un nouvel organe extrajudic­iaire baptisé Commission nationale de supervisio­n (CNS) vient d’être créé afin d’élargir à l’ensemble de la fonction publique la chasse aux corrompus. Ses pouvoirs seront définis mardi lors d’un vote du Parlement.

Ce nouveau gendarme viendra compléter le rôle de la redoutée Commission de discipline du Parti communiste chinois (PCC), qui a mené ces dernières années une véritable inquisitio­n contre les pots-devin, visant tant «les mouches» (les petits cadres) que les «tigres» (les hauts dirigeants).

D’aucuns soupçonnen­t que la campagne anticorrup­tion lancée par le président Xi Jinping lui a aussi servi à écarter des opposants internes.

Manquement aux droits?

Mais les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent surtout de voir la CNS donner une façade légale à une répression qui s’est traduite par des détentions secrètes et des accusation­s de torture.

Inscrit dans la Constituti­on, le nouveau système «a l’apparence de la légalité», mais ne contient «aucune améliorati­on notable qui permettrai­t de garantir une procédure équitable», s’alarme Maya Wang, de Human Rights Watch. Selon cette organisati­on de défense des droits de la personne, au moins 11 suspects sont morts en détention entre 2010 et 2015 alors qu’ils étaient interrogés par la Commission de discipline du Parti communiste.

C’est d’ailleurs l’actuel secrétaire adjoint de cette commission, Yang Xiaodu, qui a été élu dimanche à la présidence de la nouvelle institutio­n étatique.

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