Le Devoir

Martine Ouellet se soumettra à un vote de confiance anticipé

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Les critiques auront eu raison de l’inflexibil­ité de Martine Ouellet. La malmenée chef du Bloc québécois accepte de se soumettre à un vote de confiance plus tôt que prévu et auprès de tous les membres de la formation politique.

«Ce qui se passe, ça fait réagir», a-t-elle reconnu en point de presse lundi. Selon Mme Ouellet, il s’agit de revenir à la démocratie. «Quand des gens décident de sortir des instances et d’aller faire des demandes à travers les médias avec un grand nombre de calomnies, ce sont des tentatives de putsch, et ce n’est pas ce que l’on souhaite avoir. Nous sommes un parti démocratiq­ue qui appartient à ses instances, qui appartient à ses membres, et je pense qu’il est très important de revenir à la base.»

Pour «revenir à la base», Martine Ouellet propose donc un référendum. Elle s’était déjà engagée à en tenir un pour sonder tous les membres du parti sur l’orientatio­n que devrait prendre le Bloc: promouvoir à chaque instant la souveraine­té ou se porter à la défense des intérêts du Québec à Ottawa. Elle promet aujourd’hui d’ajouter une seconde question afin de trancher une fois pour toutes la question de son leadership.

Depuis le départ fracassant de sept des dix députés bloquistes, plusieurs militants ont publiqueme­nt demandé à Martine Ouellet soit de quitter son poste de chef, soit de se soumettre à un vote de confiance devancé. Un tel vote est déjà prévu, mais seulement lors du congrès devant se tenir en mai 2019. Selon Mme Ouellet, il était trop compliqué de modifier cet échéancier.

«Pour tenir un vote de confiance plus tôt que 2019, ça aurait pris un congrès extraordin­aire et la mécanique d’un congrès extraordin­aire est quand même assez complexe et assez longue », a expliqué la chef. Le référendum permet de contourner les statuts et règlements du parti et de consulter librement l’ensemble des quelque 20 000 membres. Le vote qui était prévu en 2019 aurait été mené seulement auprès des quelques centaines de délégués présents au congrès, ce qui faisait craindre à certains que l’entourage de la chef s’organise pour écarter les insatisfai­ts.

Selon les informatio­ns du Devoir, des opposants à Mme Ouellet s’organisaie­nt en coulisses pour devancer le vote de 2019 grâce à une résolution qui aurait été débattue au conseil général du 29 avril prochain. Le seuil des 25 appuis de présidents d’associatio­n de circonscri­ption nécessaire­s était déjà dépassé, indique-t-on. Mme Ouellet nie avoir voulu s’éviter une nouvelle humiliatio­n en acceptant d’elle-même de devancer le vote de confiance. «Non, pas du tout, parce que pour l’instant, ce n’est rien qu’au stade de rumeurs. »

La date de ce référendum n’a pas encore été arrêtée, mais « on souhaite que ça se fasse dans un échéancier relativeme­nt rapproché», a indiqué Mme Ouellet. Quand un journalist­e lui a demandé si elle pourrait tenir ce référendum aussi tardivemen­t qu’en février 2019, par exemple, la chef a écarté cette possibilit­é du revers de la main. «Non, non, non.» Mme Ouellet a aussi laissé entendre que tenir un vote en pleine campagne électorale québécoise, qui doit avoir lieu cet automne, n’était pas idéal non plus. Tout cela porte à croire que ce référendum pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’été.

Quant au seuil d’appuis que Mme Ouellet estime nécessaire pour rester en poste, elle le fixe au minimum. «C’est comme tout vote de confiance. Donc c’est 50 %+1. »

Le député dissident Luc Thériault raille ce choix. «J’ai rarement vu un chef considérer qu’un vote de confiance à 50% +1 est suffisant», dit-il. Le pire score jamais obtenu par Gilles Duceppe avait été de 84,4 % en 2003. Les modalités du référendum seront arrêtées le 29 avril prochain. Le référendum devrait se faire par téléphone ou en ligne.

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