Le parc La Fontaine en 2033
Montréal esquisse les plans de son « jardin du Luxembourg»
Montréal veut redonner du lustre au parc La Fontaine en réaménageant ses sentiers, en réduisant la superficie des stationnements et en piétonnisant les avenues Calixa-Lavallée et Émile-Duployé. Le projet de plan directeur que présentera mardi soir le responsable des grands parcs de l’administration Plante, Luc Ferrandez, définit les grandes orientations d’aménagement de ce parc emblématique pour les 15 prochaines années.
En février dernier, Luc Ferrandez avait donné un avant-goût de ce qu’il entrevoyait pour le parc La Fontaine. «Notre vision, c’est celle d’un jardin du Luxembourg à Montréal», avait-il expliqué. «Ce n’est pas un espace haché et hachuré de stationnements et de rues. C’est un grand parc romantique. »
Pour alimenter sa réflexion sur l’avenir du parc La Fontaine, la Ville avait mené une vaste consultation publique en 2016. C’est à la lumière des suggestions citoyennes qu’elle a élaboré les orientations d’aménagement de ce lieu mythique situé au coeur du Plateau-Mont-Royal.
Dans son document de présentation, que Le Devoir a pu consulter, la Ville propose d’enlever du béton et de verdir le parc afin d’en faire un lieu de promenade et de détente.
Une consultation sur le plan directeur aura lieu les 17 et 18 avril
Piste cyclable
Pour régler les perpétuels conflits entre les cyclistes et les promeneurs, la Ville suggère de déplacer la piste cyclable nord-sud dans l’axe routier de l’avenue du Parc-La Fontaine. Elle en profiterait également pour revoir les aménagements routiers du secteur, notamment la bretelle de la rue de la Roche.
Tout le pourtour du parc pourrait être bordé de «trottoirs boulevards», ce qui implique la réduction des aires de stationnement qui se trouvent notamment au nord, le long de la rue Rachel, et au sud, en bordure de la rue Sherbrooke.
Comme cela a été évoqué pendant la consultation, la Ville propose aussi de transformer les avenues Calixa-Lavallée et Émile-Duployé «en grandes promenades intérieures» piétonnes, à
l’image de celles de Central Park, à New York, et du jardin du Luxembourg, à Paris.
La fermeture de l’avenue Émile-Duployé à la circulation automobile pourrait faire des vagues. La Ville devrait notamment détourner l’autobus du circuit 45 (Papineau) qui emprunte tous les jours cette rue. Lorsque questionné à ce sujet le mois dernier, Luc Ferrandez avait prévenu que, s’il voit le jour, ce projet ne se réalisera pas à court terme, mais plutôt dans un horizon de 10 à 15 ans. « Ce sont des projets sur le très long terme. […] Tout ça ne peut pas se faire en claquant des doigts », avait-il dit.
La magie de la fontaine
Le secteur des bassins serait rénové. La Ville propose notamment de ramener l’activité nautique avec la location d’embarcations et de créer une terrasse avec bistro derrière le chalet-restaurant.
En consultation, les citoyens avaient réclamé plus de «grandeur» et de «magie» pour les bassins. La Ville suggère de rétablir l’effet spectaculaire qu’avait autrefois la fontaine avec ses jets d’eau et le jeu de lumière. Le secteur de la fontaine pourrait aussi être exploité l’hiver avec la création d’un projet visuel de mise en valeur.
Des citoyens avaient aussi suggéré de réfrigérer la patinoire du bassin. Dans son plan, la Ville évoque la possibilité de «prolonger» et d’« optimiser » l’activité de patinage.
Moins de stationnements
Montréal envisage de revoir les abords de l’école Le Plateau et du pavillon La Fontaine, le bâtiment de la rue Sherbrooke qui abrite la Direction de la santé publique de Montréal (DSP). La Ville envisage ainsi de reléguer les stationnements en souterrain afin d’aménager une cour selon le principe de « parc-école ». Elle évoque aussi l’idée de créer un potager et un parcours de jeux participatifs.
En plus de rénover les équipements des aires de jeux pour enfants et la pataugeoire, Montréal redessinera les abords du Centre culturel Calixa-Lavallée. Elle maintiendra la vocation communautaire du Centre, mais éliminera les stationnements qui entourent le bâtiment au profit de terrains de pétanque et d’aires de pique-nique.
Le plan confirme l’intention de la Ville de rénover le théâtre de Verdure fermé depuis 2014 et d’en revoir son intégration paysagère «afin de former un écrin, et non un écran » et de favoriser les vues ouvertes sur le paysage, particulièrement vers les bassins, la fontaine et le chalet-restaurant. Ce dossier avait d’ailleurs opposé pendant des années l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et la ville-centre sous l’administration de Denis Coderre.
Dans la section est du parc, entre l’avenue
Émile-Duployé et la rue Papineau, Montréal projette de revitaliser le réseau de sentiers. Elle propose aussi de rénover et de déplacer plus au nord la vespasienne conçue en 1931 par Donat Beaupré, architecte de la Ville, et qui sert aujourd’hui d’entrepôt.
Des appuis
La Ville élaborera un plan d’action, mais pour l’instant, elle ne précise pas les coûts de tous ces travaux. Un budget de 30,6 millions de dollars est cependant prévu au cours des trois prochaines années.
La Ville tiendra d’autres consultations les 17 et 18 avril prochains. La version définitive du plan directeur sera déposée au cours de l’été pour adoption.
Plusieurs groupes ont déjà signifié leur appui au projet de plan directeur, parmi lesquels Héritage Montréal, le Conseil régional de l’environnement de Montréal et le collectif citoyen Avenir parc La Fontaine.
Rappelons que le parc La Fontaine avait été inauguré en 1874 sous le nom de parc Logan. Au fil des décennies, il a été agrandi et a fait l’objet de plusieurs travaux d’aménagement. En 1900, les deux bassins sont creusés et l’année suivante, le parc est rebaptisé en l’honneur du premier ministre Louis-Hippolyte La Fontaine. Le théâtre de Verdure est inauguré en 1956. L’année suivante, c’est au tour du Jardin des merveilles de voir le jour. Celui-ci sera démantelé en 1989.