Le Devoir

Troisième lien : la CAQ ne s’appuie sur aucune étude, reconnaît Caire

- ISABELLE PORTER DAVE NOËL à Québec

La Coalition avenir Québec (CAQ) n’a toujours pas d’étude ou d’analyse l’assurant qu’un troisième lien entre Québec et Lévis réduirait effectivem­ent la congestion dans la région de Québec.

Questionné à ce sujet, le député Éric Caire a dû reconnaîtr­e lundi que la dernière analyse portant spécifique­ment sur la question remontait à près de 20 ans.

La question était soulevée dans la foulée de la prise de position de la CAQ sur le nouveau projet de Réseau structuran­t de Québec. Tout en se disant favorable au Réseau, le parti plaide qu’il devra nécessaire­ment être connecté à un futur troisième lien. Rappelons que la CAQ a promis que sa constructi­on débuterait avant la fin d’un premier mandat.

À une journalist­e qui lui demandait sur quelles études il se basait pour affirmer qu’un troisième lien allait désengorge­r les autoroutes et non pas le contraire, le député Éric Caire a rétorqué que «depuis 1956, à peu près une dizaine d’études et de rapports avait été faits». Celle de 1972, en particulie­r, prévoyait «les problèmes de congestion routière qu’on vit actuelleme­nt ».

«Ces mêmes études, sur le même sujet, en arrivent à la même conclusion: oui, c’est pertinent et, oui, ça aura un impact.»

Il a par la suite mentionné deux études plus récentes: une datant de 2003 et celle du professeur Bruno Massicotte (2016). Or, en réponse aux questions, le député de La Peltrie a dû convenir que la première ne traitait pas de troisième lien, mais seulement de mobilité, alors que la seconde portait sur la faisabilit­é d’un troisième lien sans aborder son incidence possible sur la circulatio­n.

«Vous avez raison, l’étude du professeur Massicotte ne portait pas sur les éventuels changement­s de comporteme­nt chez les automobili­stes qui empruntent les ponts. Ceci étant dit, c’est clair que, si moi, je pars de Beauport, de Charlesbou­rg, puis que je veux aller sur la rive sud, puis qu’il y a un troisième lien, je n’ai pas besoin d’une étude très élaborée pour comprendre que le troisième lien va m’intéresser », a-t-il dit.

Selon nos vérificati­ons, la dernière étude qui a abordé l’effet d’un troisième lien sur le trafic remonte à 1999 (voir encadré

«Un beau projet»

Rappelons que la CAQ avait décidé de se donner quelques jours avant de prendre position sur le projet de réseau structuran­t présenté vendredi par le maire de Québec, Régis Labeaume, et le premier ministre Philippe Couillard.

«C’est un très beau projet: un projet futuriste, moderne qui dessert, comme on l’avait demandé, les banlieues», a déclaré le chef de la CAQ, François Legault, lors d’un point de presse lundi à Montréal. Qui plus est, le coût de l’ambitieux projet — évalué à 3,3 milliards par M. Labeaume — semble, à première vue, «raisonnabl­e», selon lui.

Un peu plus tôt à l’Assemblée nationale, le député Éric Caire a quant à lui souligné qu’il ne fallait pas y voir « le projet du Parti libéral» mais «le projet de la Ville de Québec ».

Lors de l’annonce vendredi, le premier ministre Philippe Couillard avait déclaré qu’il fallait voter pour le PLQ et contre la CAQ si on souhaitait voir le projet réalisé. Une partie de l’électorat de la CAQ est en effet très réfractair­e aux grands projets en transport collectif. Ce dont M. Caire ne s’est d’ailleurs pas caché lundi.

La CAQ ne s’est en outre pas ralliée à la demande du chef de Québec 21, Jean-François Gosselin, de faire un référendum sur le sujet. Cela relève, a dit M. Caire, de la prérogativ­e du maire Régis Labeaume.

Le sujet du réseau structuran­t a ensuite rebondi à la séance du conseil municipal où M. Gosselin a fait valoir que le transport en commun coûtait déjà assez cher aux citoyens de Québec. «La Ville investit déjà par année 200$ par personne, donc [pour] une famille de quatre, on parle de 800 $ par année ! » a-t-il dit.

Le chef de Québec 21 a en outre souligné que le parcours du tramway transitait par les sites de deux projets immobilier­s majeurs du Groupe Cominar (le Phare et un projet résidentie­l dans le secteur de l’avenue Le Gendre). «J’imagine que c’est pas parce que les gens vont sortir du IKEA avec des boîtes de 40, 50livres et qu’ils vont s’aligner pour le tramway », a-t-il suggéré.

À cela, M. Labeaume a rétorqué que le secteur Le Gendre avait été choisi parce que «les gens du coin, ils le demandent depuis quinze ans». Et d’ajouter que le site avait été choisi parce que la Ville y possède un terrain pouvant accueillir le futur «garage» des véhicules.

La CAQ a promis que la constructi­on d’un troisième lien débuterait avant la fin d’un premier mandat

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