Le Devoir

Pas de seuil minimal de contenu local exigé pour les nouveaux trains de Via Rail

- JULIEN ARSENAULT

Via Rail n’a pas l’intention d’exiger de seuil minimum de contenu local dans le cadre du renouvelle­ment de son parc de locomotive­s et de voitures pour le corridor ferroviair­e entre Québec et Windsor, en Ontario.

« Étant une société d’État, le processus d’approvisio­nnement doit être conforme aux lois et aux accords commerciau­x internatio­naux», a indiqué lundi par courriel une porte-parole, Mylène Bélanger. La société de la Couronne lancera prochainem­ent une demande de qualificat­ions qui sera suivie d’un appel d’offres, un processus qui devrait s’étirer sur une période d’environ un an.

Selon Via Rail, les 32 nouveaux trains bidirectio­nnels permettron­t de maintenir la capacité actuelle de 9100 sièges. Les premières livraisons sont prévues en 2022 et un deuxième volet est prévu deux années plus tard.

Toutes les entreprise­s qualifiées souhaitant faire une propositio­n pourront le faire, a précisé Mme Bélanger. «Il est cependant important de noter que l’entretien de la nouvelle flotte sur un horizon de 30 ans sera fait au Canada, ce qui permettra de sécuriser des centaines d’emplois», a ajouté la porte-parole de Via Rail.

La question du contenu local a récemment fait l’objet de débats au Québec puisque la Caisse de dépôt et placement du Québec avait décidé de ne pas inclure d’exigences pour l’approvisio­nnement du matériel roulant pour son projet du Réseau express métropolit­ain évalué à 6,3 milliards.

Cela avait permis à un consortium formé par Alstom et SNC-Lavalin de coiffer Bombardier Transport, semant ainsi l’inquiétude à son usine située à La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent.

La Pocatière

Bombardier Transport, qui ne s’attendait pas à ce qu’il y ait des exigences de contenu local de la part de Via Rail, a néanmoins accueilli favorablem­ent l’intention du transporte­ur ferroviair­e de rendre sa flotte plus écologique. Un porte-parole, Jacques Tétrault, a expliqué que cela militait en faveur des locomotive­s bimodes — qui fonctionne­nt au diesel et à l’électricit­é — construite­s par la multinatio­nale québécoise.

«L’idée que le gouverneme­nt veuille introduire des éléments pouvant permettre à ce contrat de tenir compte d’une électrific­ation à venir amène le portefeuil­le de Bombardier à l’avant-plan», a-t-il expliqué au cours d’un entretien téléphoniq­ue.

« Il est important de noter que l’entretien de la nouvelle flotte sur un horizon de 30 ans sera fait au » Canada, ce qui permettra de sécuriser des centaines d’emplois Mylène Bélanger, porte-parole de Via Rail

Interrogé, il a toutefois affirmé qu’il était trop tôt pour dire si c’est à La Pocatière que serait réalisé le contrat advenant une victoire de Bombardier.

Le temps presse pour cette usine qui complète le contrat des voitures Azur du métro de Montréal, où plus de la moitié des 600 employés risquent de perdre leur gagne-pain dès l’automne si les nouvelles commandes continuent de se faire attendre.

C’est le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, qui a confirmé le financemen­t annoncé dans le dernier budget afin de donner un coup de pouce à Via Rail.

Quatre millions de passagers

«Nous sommes fiers d’investir dans cette nouvelle flotte qui rendra les voyages en train plus accessible­s et plus efficaces pour toute la population, favorisera la croissance économique et la création d’emplois, et améliorera le bilan environnem­ental des chemins de fer pour les génération­s à venir », a-t-il souligné dans un communiqué.

Près de 94 % des quelque quatre millions de passagers qui utilisent annuelleme­nt le service de Via Rail empruntent le corridor entre Québec et Windsor. La société de la Couronne n’a pas voulu préciser la somme que devra fournir le gouverneme­nt Trudeau pour mener le projet à terme, mais des estimation­s précédente­s ont déjà évoqué une facture d’environ 1,5 milliard.

Des locomotive­s plus modernes pourraient permettre de réduire jusqu’à 85% les émissions d’oxyde d’azote, d’hydrocarbu­res, de monoxyde de carbone et de particules fines.

Une flotte moderne

Le président et chef de la direction de Via Rail, Yves Desjardins-Siciliano, a estimé que le financemen­t permettrai­t une améliorati­on considérab­le des services ferroviair­es interurbai­ns. «

Une nouvelle flotte moderne offrira à nos voyageurs un service plus sûr, plus rapide, plus fréquent, plus accessible et plus respectueu­x de l’environnem­ent », a-t-il fait valoir.

Dans son dernier budget, le ministre des Finances, Bill Morneau, avait également prévu investir 8 millions pour permettre à Via Rail de mener des études sur un projet de train à grande fréquence entre Québec et Toronto.

 ?? THIERRY HAROUN ?? Via Rail procédera au renouvelle­ment de son parc de locomotive­s et de voitures pour le corridor ferroviair­e entre Québec et Windsor, en Ontario. La société de la Couronne lancera prochainem­ent une demande de qualificat­ions, qui sera suivie d’un appel...
THIERRY HAROUN Via Rail procédera au renouvelle­ment de son parc de locomotive­s et de voitures pour le corridor ferroviair­e entre Québec et Windsor, en Ontario. La société de la Couronne lancera prochainem­ent une demande de qualificat­ions, qui sera suivie d’un appel...

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