Nouveaux déboires pour Facebook
Washington — Facebook dégringolait en Bourse lundi à la suite de la révélation de l’utilisation des données personnelles de millions d’utilisateurs par une société liée à la campagne de Donald Trump, une polémique qui, selon des experts, pourrait menacer son modèle économique.
Vers 18h lundi, le titre Facebook chutait de 6,77 % à 170,02 $.
En Europe et aux États-Unis, de nombreuses voix exigeaient des enquêtes après que les journaux américain New York Times et britannique Observer ont affirmé ce week-end que l’entreprise britannique Cambridge Analytica (CA), spécialisée dans la communication stratégique, avait récupéré sans leur consentement les données de 50 millions d’utilisateurs pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d’influencer le vote des électeurs.
CA a travaillé pour la campagne du président Donald Trump, élu fin 2016. Facebook dit avoir fermé le compte de la firme et avoir engagé un cabinet d’audit numérique pour faire la lumière sur cette affaire..
Des révélations qui tombent d’autant plus mal que Facebook — mais aussi Twitter et Google — est accusé depuis des mois d’avoir servi de plateforme de manipulation de l’opinion publique, en particulier par des entités liées à la Russie lors de la campagne présidentielle américaine ou celle du référendum sur le Brexit en 2016.
«C’est une brèche énorme sur laquelle il convient d’enquêter. Il est évident que ces plateformes [technologiques] ne peuvent se réguler elles-mêmes», a lancé sur Twitter la sénatrice démocrate Amy Klobuchar, qui demande que le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, mais aussi ceux de Google et de Twitter soient auditionnés par le Congrès.
«Effroyable, si confirmé», a déclaré pour sa part Vera Jourova, la commissaire européenne chargée de la protection des données personnelles, qui compte demander des « clarifications » à Facebook.
Le Commissaire à la protection de la vie privée du Canada, Daniel Therrien, a indiqué que son bureau entrera en contact avec Facebook afin de savoir si des renseignements personnels de Canadiens ont pu être compromis lors d’une importante fuite de données impliquant cette plateforme de média social largement utilisée.
Selon des experts interrogés par l’AFP, cette nouvelle polémique est très mauvaise pour Facebook, car elle pourrait accentuer la pression pour des règles plus strictes sur l’utilisation des données, qui constituent le coeur de son modèle économique.
D’après l’enquête, Cambridge Analytica a pu créer les profils psychologiques de 50 millions d’usagers à partir d’une application qui s’affichait sur Facebook comme « une application de recherche utilisée par les psychologues». Elle proposait de payer les utilisateurs pour remplir des tests de personnalité.
CA nie avoir utilisé ces informations à des fins malveillantes.
Quant à Facebook, il a réfuté l’idée d’une brèche et laisse penser que le problème ne concernerait qu’un bien plus petit nombre d’utilisateurs.