Le Devoir

Alain Dancyger quitte la tête des Grands Ballets canadiens

Après 22 ans, le directeur général se consacrera à des projets personnels

- CATHERINE LALONDE

Après avoir travaillé pendant deux décennies avec trois directeurs artistique­s — Lawrence Rhodes, Gradimir Pankov et, depuis 2017, Ivan Cavallari —, le directeur général Alain Dancyger quitte les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBC). «Le temps est venu de me tourner vers d’autres aventures et de m’ouvrir aux belles surprises de la vie», indiquait M. Dancyger par voie de communiqué, maintenant que les GBC ont leur nouvelle maison dans l’Espace Danse de l’édifice Wilder.

La marque d’Alain Dancyger sera peut-être d’avoir pensé autrement le développem­ent philanthro­pique, qui fleurit aux GBC de manière exceptionn­elle dans le milieu de la danse québécoise. Des activités comme le Fonds Casse-Noisette pour enfants, qui permet chaque année à 2800 enfants défavorisé­s de voir une représenta­tion du classique de Noël tout en soutenant la réfection des décors et des costumes du spectacle. Ou comme le Marché Casse-Noisette. Dancyger aura aussi chapeauté l’arrivée des GBC dans leur nouvel espace du Quartier des spectacles. Une arrivée qui n’était pas qu’un déménageme­nt, précise-t-il en entrevue, mais une manière de «pouvoir participer à la transforma­tion de la vie des gens, par une vision holistique qui englobe tous les bienfaits que procure la danse, dont le développem­ent de l’art chorégraph­ique en soutenant un directeur artistique, ou de sortir un peu la danse de ses frontières purement esthétique­s et chorégraph­iques, avec le Centre national de danse-thérapie, et d’aller beaucoup plus loin dans la manière dont la danse peut vraiment transforme­r et stimuler la vie des gens — qu’ils soient en santé ou pas. »

La controvers­e autour de la programmat­ion 2018-2019 Femmes n’est pas un facteur de ce départ, annoncé à l’interne au début du mois de mars, selon l’organisati­on. Un départ qui s’articulera peu de temps après l’arrivée d’Ivan Cavallari comme directeur artistique. Un signe de visions divergente­s? Pas du tout, répond M. Dancyger. « J’aurais aimé l’accompagne­r dans l’accompliss­ement de sa vision. On s’entend très bien, il y a une très belle synergie. C’était un peu la même chose avec les deux directeurs artistique­s passés. Mais il fallait que je prenne une décision, que j’ai un peu repoussée, à cause du déménageme­nt dans le Wilder — un projet en gestation depuis 15 ans, une étape importante que j’avais à coeur de mener à terme. Il y a toujours de très bonnes raisons de ne pas partir! Je suis quand même un dinosaure dans le milieu culturel! Passer 22 ans à la tête d’une institutio­n culturelle, c’est assez inhabituel. C’est le moment pour moi de faire ce que j’ai toujours rêvé de faire.» Quels sont ces projets ? M. Dancyger rechigne à les dévoiler. Tiennent-ils de l’écriture, pour celui qui a écrit L’économie du bon sens : redevenons humains (Édito) ? De la danse ? L’homme élude la question.

Que souhaite-t-il aux GBC pour l’avenir? «Je leur souhaite de poursuivre leur lancée, d’accomplir de merveilleu­ses choses et surtout de pouvoir continuer à transforme­r la vie des gens pour le meilleur.» Oui, mais de manière concrète, de quoi penset-il que la compagnie aujourd’hui a besoin? «Honnêtemen­t je ne sais pas. Moi, j’aime toujours le leadership qui conjugue des bonnes visions et qui est capable avec les bonnes équipes et les bénévoles de les mettre en place.»

Et M. Dancyger de terminer en soulignant que «tout le travail accomplit est un hommage aux artistes, travailleu­rs culturels, bénévoles, qui ont participé à bâtir ce que sont les GBC et ce qu’ils seront demain.»

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