Le Devoir

MARK ZUCKERBERG PROMET D’EN FAIRE PLUS

Le scandale Cambridge Analytica oblige Facebook à prendre de nouvelles mesures

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, est finalement sorti de son mutisme mercredi, reconnaiss­ant que son entreprise a commis des erreurs dans la protection des données personnell­es.

Sortant de son mutisme des derniers jours, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a reconnu mercredi que son entreprise a fait des erreurs en ce qui concerne la protection des données et que, malgré ses efforts des dernières années, la plateforme en fera plus pour accroître la sécurité de ses utilisateu­rs.

« J’ai créé Facebook et je suis donc responsabl­e de ce qui survient sur notre plateforme. Je suis sérieux dans mon intention de faire le nécessaire pour protéger notre communauté», a-t-il déclaré par l’entremise de sa page Facebook personnell­e, s’exprimant pour la première fois depuis les révélation­s de la fin de semaine concernant Cambridge Analytica.

La «bonne nouvelle» est que les actions les plus importante­s ont été prises il y a quelques années pour éviter que le scandale dévoilé ces jours-ci ne se reproduise, a-t-il précisé, tout en annonçant que Facebook posera d’autres gestes sous peu.

Il promet que sa compagnie fera enquête sur les applicatio­ns qui ont eu accès à de grandes quantités d’informatio­ns avant les changement­s de 2014, qu’elle limitera la quantité de données pouvant être transmises aux applicatio­ns et qu’elle mettra en évidence l’outil permettant de révoquer l’accès à ces données.

Cet outil sera désormais visible en haut du fil d’actualité, plutôt que d’être dissimulé dans la section «Paramètres», a expliqué M. Zuckerberg.

Données accessible­s

Le scandale impliquant Facebook et Cambridge Analytica a mis en évidence une forme méconnue de partage d’informatio­ns sur le populaire réseau social. Et heureuseme­nt pour ceux qui ne veulent pas aller jusqu’à se désabonner complèteme­nt, il existe plusieurs façons de protéger l’accès à ses données.

«Pour les gens qui n’ont jamais porté attention à leurs réglages Facebook, je pense que c’est une bonne occasion de prendre le temps d’aller les regarder», affirme le professeur au Départemen­t d’informatiq­ue de l’UQAM Sébastien Gambs.

Même si vous ajustez les paramètres de confidenti­alité de votre compte Facebook, qui vous permettent de décider qui peut voir vos publicatio­ns ou qui peut consulter votre liste d’amis, vos données peuvent être transmises aux applicatio­ns que vous avez utilisées en vous connectant avec le réseau social.

Depuis 2014, Facebook ne permet plus aux applicatio­ns de collecter automatiqu­ement les informatio­ns de vos amis sans leur permission. C’est cette fonctionna­lité qui avait permis à Cambridge Analytica de mettre la main sur les données de dizaines de millions d’utilisateu­rs.

Les applicatio­ns que vous utilisez peuvent malgré tout avoir accès à une foule de données sur vous, comme votre liste d’amis, votre date de naissance, vos mentions «j’aime» ou encore les photos que vous avez importées ou sur lesquelles vous êtes identifié. Les applicatio­ns utilisées par vos amis peuvent également obtenir certaines informatio­ns contenues dans votre profil et connaître vos principaux intérêts.

Faire le tri

«Chaque applicatio­n peut demander d’accéder à une quantité d’informatio­ns plus ou moins importante­s, et ce qui arrive souvent, c’est qu’elles collectent beaucoup plus de données qu’elles en ont besoin pour leur service, explique le professeur Gambs. J’encourage les gens à aller voir chacune des applicatio­ns qu’ils ont installées sur Facebook, à vérifier les permission­s et à révoquer celles qu’ils jugent non nécessaire­s. »

« Sans se déconnecte­r complèteme­nt ou aller vivre dans une caverne, je pense qu’on peut grandement minimiser les risques en allant configurer les réglages et en ayant les bons réflexes, comme ne pas accepter n’importe quel ami ou n’importe quelle applicatio­n qu’on nous propose», ajoute-t-il.

En accédant à la section « Paramètres » de votre compte et en cliquant sur l’onglet « Applicatio­ns», vous pourrez voir quelles données vous transmette­z aux applicatio­ns que vous ou vos amis utilisez. Vous pourrez ensuite modifier vos réglages pour les protéger.

Sachez toutefois que, si vous supprimez une applicatio­n, vos informatio­ns peuvent être conservées par ses développeu­rs. Pour vous assurer qu’elles sont supprimées, Facebook vous demande de contacter les développeu­rs en question.

Une autre option consiste à se débrancher complèteme­nt de Facebook, comme le suggère depuis mardi le mot-clic #DeleteFace­book.

Selon M. Gambs, la vague de désabonnem­ents que pourrait subir le géant américain au cours des prochaines semaines sera toutefois insuffisan­te pour le faire tomber. «Je ne pense pas que Facebook va mourir. »

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MARCIO JOSE SANCHEZ ASSOCIATED PRESS
 ?? NAM Y. HUH ASSOCIATED PRESS ?? Mark Zuckerberg promet que sa compagnie fera enquête sur les applicatio­ns qui ont eu accès à de grandes quantités d’informatio­ns avant les changement­s de 2014.
NAM Y. HUH ASSOCIATED PRESS Mark Zuckerberg promet que sa compagnie fera enquête sur les applicatio­ns qui ont eu accès à de grandes quantités d’informatio­ns avant les changement­s de 2014.

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