Pleins feux sur l’accordéon contemporain
Le virtuose Joseph Petric se produira vendredi soir à Montréal
Joseph Petric a su à l’âge de 14 ans qu’il voulait devenir accordéoniste professionnel. Mais il ne savait peut-être pas encore que, cinquante ans plus tard, il jouerait en concert une série d’oeuvres contemporaines composées par de jeunes créateurs expressément pour cet instrument, trop longtemps méconnu.
«Le Canada est rapidement devenu un pays postmoderne», dit-il en entrevue. Le concert Par cinq chemins, qu’il donnera vendredi avec la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) en fait foi. On y mêlera accordéon, piano, voix, violoncelle, violon, musique électronique et même vidéo.
Joseph Petric y livrera une interprétation originale pour piano et accordéon des Monodias espanolas de José Evangelista. Il jouera également en grande première des pièces commandées auprès de cinq jeunes compositeurs, expressément pour lui, par la SMCQ.
«La SMCQ propose des hommages à différents compositeurs, explique Petric en entrevue. Et veut aussi mettre en lumière le travail de jeunes compositeurs. Je suis venu voir ces compositeurs pour les amener à se familiariser avec mon instrument. C’était très excitant parce que la raison d’être des compositeurs, c’est d’explorer de nouvelles avenues.»
«Ce sera entièrement de la musique contemporaine, poursuit-il. Et ce qui est intéressant avec le concert, c’est qu’il met l’accent sur des éléments électroacoustiques très contemporains. »
Petric utilise quant à lui un accordéon qu’il a lui-même conçu. «Je voulais obtenir un son amplifié, en plaçant des ponts à l’intérieur. Cela fait en sorte que tout l’instrument vibre, plutôt qu’une seule surface. Nous avons aussi beaucoup travaillé en terme de design. Cela en fait un instrument unique, qui a inspiré de nombreux compositeurs.»
Les bois de fabrication de l’instrument ont aussi été soigneusement choisis. «Il y a du bois qui provient du nord, de l’équateur ou de régions tropicales. Cela donne un grand spectre de sonorités», dit-il.
Reconnu de par le monde comme accordéoniste virtuose, Joseph a touché à toutes les formes de musiques. Il a notamment enregistré en version de chambre Winterreise de Schubert avec le ténor Christoph Prégardien et l’ensemble québécois Pantaèdre, chez ATMA. Il a aussi enregistré chez ATMA, avec le nouvel ensemble moderne, une pièce qu’il avait commandée au compositeur Denis Gougeon, intitulée En accordéon. «J’utilise également cette expression dans le sens suivant: “en voiture”, “en bateau”, “en avion”, l’accordéon étant ici un moyen de transport permettant le déplacement d’un état musical à l’autre», écrit Gougeon dans le livret du disque.
Joseph Petric est né en Ontario de parents slovènes. «Nous connaissons tous l’accordéon populaire», dit-il. L’instrument est profondément inscrit dans la tradition slovène, comme il l’est d’ailleurs dans la tradition québécoise.
Le concert présenté vendredi à la salle Alfred-Laliberté de l’UQAM s’adresse quant à lui à «tout public intéressé aux nouvelles créations», dit Petric. PAR CINQ CHEMINS OEuvres de Yves Daoust, José Evangelista, Charles-Antoine Fréchette, Cristina García Islas, Symon Henry, Gabriel Ledoux, Simon Martin. Au studio-théâtre Alfred-Laliberté de l’UQAM, le vendredi 23 mars à 20 h.