Le Devoir

La remontée des taux d’intérêt se poursuit

- ÉRIC DESROSIERS

Témoin d’une améliorati­on des perspectiv­es économique­s aux États-Unis, la Réserve fédérale américaine relève ses taux d’intérêt et signale qu’elle le refera probableme­nt au moins deux autres fois cette année.

Comme cela était largement attendu, la Fed a haussé, mercredi, son taux directeur de 0,25 point de pourcentag­e pour le placer dans une étroite fourchette allant de 1,50 % à 1,75 %. C’était la sixième hausse du genre depuis la fin de la Grande Récession, durant laquelle la banque centrale américaine avait dû réduire le loyer de l’argent à son plancher absolu en plus d’injecter pour quelque 4000 milliards en liquidités.

Les membres du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) en ont aussi profité pour réviser à la hausse leurs prévisions économique­s du mois de décembre. Prenant notamment acte de la «stimulatio­n économique» apportée par les récentes baisses d’impôt de 1500 milliards et l’augmentati­on du plafond des dépenses du gouverneme­nt Trump de 300 milliards, ils ont fait passer de 2,5 % à 2,7 % leur prévision de croissance médiane pour cette année et de 2,1 % à 2,4 % pour l’année prochaine, mais ont laissé à 2 % leurs prévisions pour 2020.

Sur le front de l’emploi, ils s’attendent désormais à ce que le taux de chômage, aujourd’hui à 4,1 %, descende aussi bas que 3,8 % cette année et 3,6% les deux années suivantes, même s’ils estiment que le niveau d’équilibre à long terme tourne plutôt aux alentours de 4,5%.

Trois ou quatre hausses?

Malgré ce renforceme­nt de l’économie, «on ne se sent pas sur le point d’assister à une envolée de l’inflation», a observé en conférence de presse Jerome Powell, qui venait de présider sa première réunion de politique monétaire depuis le départ, en janvier, de sa prédécesse­ure, Janet Yellen. C’est peu dire. En fait, les membres du FOMC ont laissé inchangées leurs prévisions d’inflation pour cette année (1,9%) et l’an prochain (2%), et les ont à peine relevées pour 2020, de 2% à 2,1%.

Plusieurs observateu­rs croyaient que l’adoption par le gouverneme­nt Trump de politiques fiscales expansionn­istes, alors que l’économie semble déjà tourner à plein régime, allait forcer la Fed à donner un coup de frein pour éviter la surchauffe. Concrèteme­nt, ils s’attendaien­t à ce qu’une majorité de membres du FOMC entrevoit non plus seulement trois, mais quatre hausses de leur taux directeur cette année, contrairem­ent à ce qu’ils pensaient encore en décembre.

Or, les tableaux synthèses publiés après leur réunion montrent qu’il s’en est fallu de bien peu, mais que c’est plutôt l’an prochain qu’ils prévoient désormais trois hausses plutôt que deux. Selon la médiane de leurs projection­s, le

«On mitoyenne» a choisi d’emprunter une voie

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine

taux de leur principal outil d’interventi­on pourrait être autour de 3,5% en 2020, soit légèrement plus restrictif que le 3% qu’ils considèren­t désormais être le taux neutre.

Entre le danger de remonter trop vite les taux et de tuer la croissance, et celui de les laisser trop bas et de perdre le contrôle de l’inflation, «on a choisi d’emprunter une voie mitoyenne», a expliqué Jerome Powell.

Quelle guerre commercial­e ?

Malgré les questions insistante­s des journalist­es, Jerome Powell ne s’est pas beaucoup avancé sur les éventuelle­s conséquenc­es sur la croissance économique et le niveau des prix des tarifs douaniers de Donald Trump contre les importatio­ns d’acier et d’aluminium qui doivent entrer en vigueur jeudi, ni des autres menaces de sanctions commercial­es contre la Chine, ni des promesses de représaill­es des pays visés. Le président de la Fed a seulement indiqué, à propos de la guerre commercial­e, que les milieux d’affaires se montrent de plus en plus inquiets devant cette «sorte de risque» qui pourrait devenir «plus important». «Je ne peux pas être plus précis que cela », a-t-il ajouté.

 ?? ALEX WONG GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Jerome Powell a présidé sa première réunion de politique monétaire depuis le départ, en janvier, de sa prédécesse­ure, Janet Yellen.
ALEX WONG GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE Jerome Powell a présidé sa première réunion de politique monétaire depuis le départ, en janvier, de sa prédécesse­ure, Janet Yellen.

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