Le Devoir

PKP s’en prend encore à l’inaction des gouverneme­nts

Les entreprise­s d’ici pourraient s’établir ailleurs pour profiter des avantages accordés à leurs rivales étrangères

- JULIEN ARSENAULT

L’inaction des gouverneme­nts pour mettre fin à l’iniquité fiscale pourrait inciter des détaillant­s et entreprise­s culturelle­s d’ici à s’établir ailleurs afin de profiter des mêmes avantages que leurs rivaux étrangers, croit le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau.

À son avis, le refus d’Ottawa et de Québec de percevoir la taxe de vente sur les biens achetés en ligne et les services des fournisseu­rs comme Netflix crée une motivation à agir de la sorte. «Il y en a qui y pensent, a dit l’homme d’affaires, mercredi, en marge d’un événement organisé par le Conseil québécois du commerce de détail. J’ai rencontré quelqu’un que je connais bien qui me disait: voilà les raisons pour lesquelles je m’installera­is à Plattsburg­h. »

Plus tôt, M. Péladeau prenait part à une table ronde sur l’équité fiscale en compagnie du président de l’Union des municipali­tés du Québec (UMQ), Alexandre Cusson, et de la directrice générale de l’ADISQ, Solange Drouin.

Le patron du congloméra­t Québecor a critiqué la passivité du gouverneme­nt Couillard et accueilli tièdement le récent changement de ton du gouverneme­nt Trudeau à l’égard des géants du Web comme Google, Amazon, Facebook et Apple.

Depuis Buenos Aires, où il participai­t au sommet du G20, le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a laissé entendre, dans une entrevue à Bloomberg, qu’il était ouvert à l’idée d’étudier la possibilit­é de taxer ces entreprise­s. M. Péladeau a estimé qu’il n’y avait rien d’original dans cette réflexion, étant donné que la «taxation s’effectue» dans d’autres pays et que l’Union européenne vient de dévoiler un projet pour passer à l’action.

Malgré ses critiques, le dirigeant de Québecor dit ne pas avoir encore songé à délocalise­r une filiale de l’entreprise comme Club Illico au sud de la frontière dans le but de bénéficier du même traitement fiscal que Netflix, par exemple.

Commerce en ligne

À l’occasion de leur table ronde, les trois intervenan­ts ont également abordé dans une perspectiv­e plus large les effets du commerce en ligne, qui, selon M. Cusson, sont particuliè­rement ressentis dans les régions. Selon le président de l’UMQ, en 2016, quelque 2000 commerces québécois ont mis la clé sous la porte ou renoncé à l’idée d’ouvrir un magasin, principale­ment en raison des craintes provoquées par la concurrenc­e en ligne. Cela a privé les municipali­tés de revenus de taxes foncières de l’ordre de 65 millions.

Également maire de Drummondvi­lle, M. Cusson a expliqué que de plus en plus de centres commerciau­x contestent leur rôle d’évaluation foncière pour tenter d’économiser et de réduire le prix des loyers offerts aux commerçant­s, ce qui constitue une source de conflits avec les municipali­tés. Près de 73% des budgets des municipali­tés québécoise­s dépendent de la taxe foncière, a souligné M. Cusson, qui plaide pour une réforme du partage des recettes fiscales avec le gouverneme­nt provincial.

Selon le président de l’UMQ, le modèle économique est en train de changer, mais le modèle fiscal, lui, date encore du «siècle dernier».

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