Le Devoir

Le magazine français Ebdo dépose les armes

L’hebdomadai­re papier et sans publicité fait paraître son onzième et dernier numéro

- PHILIPPE PAPINEAU

Après la crise, la fin. Trois mois après son lancement, l’hebdomadai­re papier et sans publicité Ebdo a officielle­ment déposé les armes, selon un communiqué diffusé jeudi par la publicatio­n française.

«Depuis un mois, notre situation économique s’est dégradée de manière spectacula­ire, déclarent dans une missive commune Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry, respective­ment président de Rollin Publicatio­ns et codirecteu­r de la rédaction d’Ebdo. Les ventes et les abonnement­s sont désormais au plus bas. Nous avons essayé de répondre aux critiques et d’améliorer Ebdo, semaine après semaine. Sans succès.»

Ebdo fait paraître en France son onzième et dernier numéro vendredi, avec en couverture une enquête sur la Corse et l’indépendan­ce par la langue. En ne voulant pas dépendre de la publicité et en publiant sur papier de manière indépendan­te, le magazine hebdomadai­re «se voulait à contre-courant de la fatalité et du déclin de la presse. Nous pensions que c’était justement ainsi, en mettant la barre au plus haut, qu’Ebdo pourrait faire la différence».

L’éditeur a enclenché une procédure de cessation de paiement devant le Tribunal de commerce de Paris et demandera la nomination d’un administra­teur judiciaire pour que les revues soeurs d’Ebdo, XXI et 6mois, puissent poursuivre leurs activités.

Les abonnement­s et les

Le nombre d’abonnés plafonnait à 8000, bien en deçà des 70 000 espérés

achats en kiosque de la publicatio­n n’ont pas atteint les niveaux espérés. Le quotidien français Le Monde dévoilait mardi que les ventes en kiosque étaient passées de 53 000 pour le premier numéro du 12 janvier à « entre 8000 et 10 000 » pour les derniers numéros. Le nombre d’abonnés plafonnait quant à lui à 8000, bien en deçà des 70 000 espérés.

«Un journal sans publicité ne peut pas vivre sans lecteurs, résume le communiqué d’adieu d’Ebdo. S’il ne se vend pas, il meurt. C’est la règle du jeu et nous la connaissio­ns avant de nous lancer dans l’aventure. »

Le Monde a par ailleurs relayé le ressentime­nt de certains journalist­es d’Ebdo. Si plusieurs disent avoir la conviction d’avoir réalisé des choses intéressan­tes, un employé parle d’un «triple amateurism­e: éditorial, managérial et entreprene­urial». Un autre pointe l’équipe de direction hétéroclit­e. « Dans le détail, personne n’avait la même vision», analyse avec le recul un journalist­e.

Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry ont tout de même voulu clore leur missive avec une touche positive. «Il reste le formidable espoir suscité par ce journal, ces mois intenses de préparatio­n, l’innovation de la Source [leur plateforme numérique destinée à recueillir les idées des abonnés] et de grandes émotions vécues ensemble, malgré quelques tempêtes. »

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JOEL SAGET AGENCE FRANCE-PRESSE L’éditeur d’Ebdo a enclenché une procédure de cessation de paiement devant le tribunal de commerce de Paris.

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