L’Europe espère être exclue des sanctions
Les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, attendaient jeudi avec optimisme que le président Donald Trump officialise une exemption in extremis pour l’Union européenne des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium.
Le représentant au Commerce américain, Robert Lighthizer, a donné du corps à cet espoir en affirmant devant le Congrès américain que l’UE ainsi que l’Australie, l’Argentine, le Brésil et la Corée du Sud seraient pour le moment exclus de ces droits de douane, qui doivent entrer en vigueur vendredi.
Mais les Européens attendent que la nouvelle soit validée par Donald Trump en personne, ce qui les pousse à la prudence.
«Nous n’avons pas encore reçu ce que nous considérons comme une confirmation officielle de l’exemption, qui devrait être une sorte de décret présidentiel», a expliqué un haut fonctionnaire européen.
«Si l’hypothèse d’exemption pour l’UE est ouverte, la question est de savoir si cette exemption fait l’objet d’une conditionnalité», a précisé le premier ministre belge Charles Michel.
Si les attentes européennes étaient confirmées, le risque d’un conflit commercial se déplacerait encore un peu plus vers la Chine, contre laquelle Donald Trump a déclenché jeudi une offensive commerciale, plutôt sous forme d’avertissement, pour répondre aux «pratiques déloyales» du géant asiatique.
Le président français, Emmanuel Macron, qui s’est félicité de «l’unité complète» des Européens sur le sujet commercial, a appelé à son arrivée à Bruxelles à «attendre» la décision américaine sur l’UE.
Quant à la chancelière allemande, Angela Merkel, elle a d’abord tenu à remercier la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, pour «les discussions intensives» menées avec les États-Unis mardi et mercredi au cours d’une visite décisive à Washington.
Mme Malmström a expliqué jeudi matin, dès son retour dans la capitale belge, que le président américain allait annoncer de «possibles exemptions» sur ces taxes et qu’elle «s’attendait » à ce que l’UE soit « sur cette liste ».
Les chefs d’État ou de gouvernement de l’UE, qui avaient prévu d’aborder la question du commerce dans l’après-midi, ont reporté leur discussion au dîner dans l’attente de la décision du président américain.
«J’attends la confirmation officielle et, si elle nous parvient, ce sera une heureuse nouvelle»,
a dit le président du Parlement européen, Antonio Tajani, qui participe au sommet des 28.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, s’était déjà dit mercredi soir «prudemment optimiste», faisant preuve d’une mesure à la hauteur de l’imprévisibilité de la Maison-Blanche.
Listes de produits emblématiques
L’UE a préparé une liste de produits américains emblématiques, comme le beurre de cacahuète et des motos, qui pourraient à leur tour être visés par des taxes si celles envisagées par les États-Unis entraient en application.
Seuls le Canada et le Mexique sont pour l’instant exclus des droits de douane de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium, annoncées le 8 mars.
M. Lighthizer avait déjà expliqué mercredi que les pays et entreprises qui avaient engagé des négociations avec les États-Unis pour être exemptés de ces taxes bénéficieraient d’un sursis supplémentaire.
Mme Malmström a précisé jeudi qu’Européens et Américains allaient créer un groupe de travail, aux contours encore flous, pour discuter de plusieurs dossiers commerciaux, dont l’acier et l’aluminium, mais aussi de «la protection des investissements» ou de certains «différends commerciaux», en particulier dans le secteur agricole.
«Nous ne relançons pas le TTIP», l’accord de libreéchange négocié pendant plusieurs années par l’UE et les États-Unis au point mort depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, a ensuite assuré la commissaire européenne.