Le Devoir

Xavier Dolan privé de Cannes?

Le premier film en anglais de l’enfant chéri de la Croisette serait plutôt lancé au festival de Toronto

- ODILE TREMBLAY DOLAN

Selon nos sources, The Death and Life of John F. Donovan, première incursion en langue anglaise du Québécois Xavier Dolan, attendu par tous au Festival de Cannes, devrait briller par son absence sur la Croisette. Le film aurait été aimé et désiré par le comité cannois de la sélection officielle, mais pour des raisons stratégiqu­es de mise en marché, son lancement serait reporté à l’automne, au Festival internatio­nal du film de Toronto (TIFF).

Le Festival de Cannes se déroulera du 8 au 19 mai, et les titres des élus de la sélection officielle seront dévoilés le 12 avril. On ne peut tout à fait exclure un revirement de situation, mais…

Né cinématogr­aphiquemen­t sur la Croisette avec J’ai tué ma mère à la Quinzaine des réalisateu­rs en 2009, où il avait récolté trois prix, Xavier Dolan est un des favoris du grand festival de la Côte d’Azur.

Il y avait fait un retour remarqué dans la section Un certain regard en 2010 avec Les amours imaginaire­s, puis avec Laurence Anyways en 2012. Le jeune cinéaste québécois a vu ses films sélectionn­és en compétitio­n deux fois sans jamais repartir bredouille, d’abord avec

Mommy en 2014, qui lui valut le

Prix du jury, puis avec Juste la fin du monde en 2016, récoltant cette fois le convoité Grand Prix du jury. L’année précédente, il avait siégé comme membre du jury de la sélection officielle aux côtés notamment des frères Coen et de Guillermo del Toro.

Son film Tom à la ferme, adapté de la pièce de Michel Marc Bouchard, avait été lancé de son côté, en 2014, à la Mostra de Venise. Xavier Dolan travaille déjà par ailleurs à mettre en branle son prochain film québécois, Matt & Max, qui devrait en principe être terminé le printemps prochain.

On se souvient que le TIFF l’an dernier devait déjà programmer The Death and Life of John F. Donovan, dont le montage n’était pas terminé. L’équipe s’était alors retirée du jeu. La partie serait remise.

Il faudra surveiller si d’autres cinéastes québécois, dont Denys Arcand, y seront

D’autres cinéastes québécois

D’autres Québécois visent la Croisette. La chute de l’empire américain, de Denys Arcand, polar s’articulant autour de l’argent corrupteur avec entre autres Maripier Morin, Louis Morissette et Alexandre Landry, est prêt. Reste que le cinéaste du Déclin, primé en 2003 pour le scénario des Invasions barbares, était davantage un protégé de Gilles Jacob que de son successeur à la sélection officielle, Thierry Frémaux. Son film précédent, Le règne de la beauté, avait beaucoup déçu, mais on verra bien.

Le superbe Démantèlem­ent, de Sébastien Pilote, avait été projeté (et primé) à la Semaine de la critique en 2013. On verrait bien sa Disparitio­n des lucioles, histoire d’amour et de fuite tournée au Saguenay avec Karelle Tremblay, Pierre-Luc Brillant, François Papineau et Luc Picard, atterrir à la Quinzaine des réalisateu­rs ou même dans la section Un certain regard.

Des titres québécois imprévus se faufilent par ailleurs parfois dans une section ou l’autre avec effet de surprise.

À l’internatio­nal

Sinon, les noms des favoris se chuchotent en coulisses : Everybody Knows (Une séparation), de l’Iranien Asghar Farhadi, avec le couple oscarisé Javier Bardem et Penelope Cruz, film à suspense psychologi­que en espagnol, ne peut être ignoré en compétitio­n. Pas plus que Les frères Sisters, du Français Jacques Audiard, réunissant Joaquin Phoenix, John. C. Reilly et Jake Gyllenhaal. Fahrenheit 451, de Ramin Bahrani, nouvelle adaptation du roman dystopique de Ray Bradbury avec en vedette Michael B. Jordan, devrait monter haut, tout comme L’homme qui tua Don Quichotte, de Terry Gilliam, mettant en scène Jonathan Pryce, Adam Driver et Stellan Skarsgard.

Ash Is Purest White, ambitieuse production du grand cinéaste chinois Jia Zhangke, pourrait être de la course, si le film est bouclé à temps. On attend Where Life is Born, du Mexicain Carlos Reygadas. Pour The House that Jack Built, thriller noir du Suédois Lars von Trier avec Matt Damon et Uma Thurman, tout dépend de la façon dont les rapports orageux du cinéaste de Melancholi­a avec Cannes pourront se résorber.

High Life, le film de science-fiction de la Française Claire Denis, avec Robert Pattinson et Juliette Binoche, serait des candidats de taille. Sans oublier Peterloo du Britanniqu­e Mike Leigh, Sunset du Hongrois Lazlo Nemes — qui avait créé la sensation avec Le fils de Saul — et le film d’animation Anne Frank de l’Israélien Ari Folman (Valse avec Bachir). Des abonnés comme l’Italien Paolo Sorrentino, avec Loro, et le maître turc Nuri Bilge Ceylan, avec Le poirier sauvage, restent favoris, de même que le Français Stéphane Brizé, avec Un autre monde. Paul Verhoeven reviendra peut-être en compétitio­n avec Sainte Vierge, son second long métrage en français, et on attend aussi le Mexicain Alfonso Cuaron, avec Roma.

À la faveur du mouvement #MoiAussi, Cannes devrait promouvoir davantage de femmes cinéastes, comme Valeria Bruni Tedeschi (Les estivants) et Mia Hansen-Love (Maya), sans compter Claire Burger, réalisatri­ce de Party Girl, avec C’est ça l’amour.

Malgré les scandales attachés à son nom, Woody Allen, qui avec A Rainy Day in New York donne la vedette au jeune Timothée Chalamet (Call Me By Your Name), à Jude Law et à Elle Fanning, devrait atterrir hors concours, car Cannes l’aime encore d’amour.

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ANNE-CHRISTINE POUJOULAT Xavier Dolan photograph­ié sur la Croisette en 2016

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