Énergies fossiles : une contradiction flagrante
J’ai assisté, le 24 mars, à la manifestation devant le Centre des congrès de Québec afin de dénoncer, à l’invitation de Greenpeace, l’investissement du Mouvement Desjardins dans le financement de l’oléoduc Kinder Morgan qui doit transporter les sables bitumineux de l’Alberta vers la Colombie-Britannique.
Il s’agit d’une infrastructure contre laquelle se battent non seulement les Premières Nations de Colombie-Britannique, notamment par une action judiciaire, mais également bien des municipalités de cette province, dont Vancouver, mais aussi le gouvernement britanno-colombien, de même qu’environ 150 nations autochtones du Canada. Il semble donc y avoir consensus à cet égard.
Toutefois, le fédéral a autorisé la construction de Kinder Morgan. Le Mouvement Desjardins, une coopérative financière détenue par la majorité des Québécois a décidé d’y investir, si j’ai bien lu, 143 millions de dollars.
Investir dans les énergies fossiles alors que tant le gouvernement fédéral que le gouvernement québécois semblent loin d’atteindre leurs cibles dans la lutte contre les gaz à effet de serre selon les rapports dont les médias nous ont rapporté la teneur paraît tout à fait inapproprié. Le Mouvement Desjardins a-t-il pris conscience du mouvement de désinvestissement des énergies fossiles qui a déjà touché d’importantes institutions (plusieurs centaines d’organisations), dont la Ville de New York?
Par ailleurs, il semble que la Caisse d’économie solidaire aurait déjà développé un produit financier qui permet à des gens qui souhaitent placer leurs économies dans des secteurs non pétroliers, selon un texte paru dans le Cahier spécial du Devoir du début de février dernier, intitulé Désinvestissement des énergies fossiles, sous la plume d’Étienne Plamondon Émond.
Enfin, il existerait des voies prometteuses de développement en ce qui concerne l’énergie, notamment, le solaire.
Desjardins, en investissant dans un oléoduc visant à transporter des sables bitumineux, dont beaucoup évoquent l’image de pétrole sale pour le qualifier, ne se place-t-il pas à l’encontre des objectifs de la société dans laquelle il fonctionne? Est-ce que Desjardins en appuyant la construction de Kinder Morgan, ne vient pas nier, en quelque sorte, la pertinence de la lutte contre les changements climatiques?
Desjardins, coopérative dont le principe majeur de fonctionnement est censé être celui de la gouvernance démocratique par les membres, tient-il compte de ce principe de base dans sa décision d’investir dans Kinder Morgan? Chaque sociétaire de Desjardins devrait avoir à coeur de poser des questions en ce sens lors de l’assemblée annuelle prévue pour les mois d’avril ou de mai.
Nicole Moreau,
Québec, le 24 mars 2018