Le Devoir

Les conservate­urs s’attaquent au projet de loi

- LINA DIB à Ottawa

Ils avaient réservé leur jugement la semaine dernière au moment du dépôt du projet de loi. Mais lundi, les conservate­urs ne retenaient plus leurs critiques de C-71, projet de loi qui resserre le contrôle des armes à feu.

Prenant la parole au nom de son parti alors qu’on entamait le débat en deuxième lecture aux Communes, le député Pierre Paul-Hus a décrit le projet de loi comme une autre « attaque » libérale contre les « honnêtes citoyens ».

«Cette loi ne fera rien ou presque pour améliorer la sécurité publique et imposera plusieurs nouvelles conditions aux propriétai­res d’armes à feu respectueu­x de la loi», s’est plaint le député dans un discours enflammé qui a duré 30 minutes.

«C’est toujours une attaque contre les honnêtes citoyens, les gens qui font du tir sportif, les chasseurs. C’est toujours ces gens-là qui sont attaqués par les libéraux», a accusé M. Paul-Hus.

Le parlementa­ire a aussi plaidé la cause des marchands qui devront tenir des dossiers sur leurs ventes d’armes pendant 20 ans, un «fardeau pour les gens d’affaires», selon lui. «C’est un projet de loi qui, encore une fois, va tout simplement écoeurer le bon monde […] et qui n’amènera rien pour combattre les criminels», a-t-il tranché.

Quelques minutes avant que l’élu conservate­ur ne lance son attaque, le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, avait présenté C-71 comme un juste équilibre pour resserrer le contrôle des armes à feu sans instituer un nouveau registre des armes d’épaule.

Le député Paul-Hus a terminé son discours en réclamant l’ajournemen­t du débat, obligeant les députés à se présenter pour un vote impromptu. Les libéraux ont cédé. On ignore quand le débat sur le projet de loi sera repris. Mais en début de soirée lundi, le gouverneme­nt a signifié son intention d’imposer une motion qui limitera le temps du débat.

Une querelle qui en cache une autre

Depuis jeudi, les conservate­urs multiplien­t les manoeuvres pour punir le gouverneme­nt qui refuse qu’un haut fonctionna­ire témoigne devant un comité parlementa­ire. L’opposition conservatr­ice veut entendre Daniel Jean sur le récent voyage de Justin Trudeau en Inde.

C’est la seconde fois en deux jours aux Communes que le débat sur C-71 est la victime de cette autre querelle. Vendredi, il avait été impossible de commencer sa deuxième lecture, les conservate­urs ayant lancé depuis la veille un marathon de votes.

Lundi, les libéraux ont choisi de voter pour l’ajournemen­t du débat sur C-71, affirmant que l’opposition conservatr­ice était déterminée, de toute manière, à paralyser le débat sur ce projet de loi, en particulie­r.

Et lorsque la période des questions a commencé et que les conservate­urs ne voulaient que parler du voyage en Inde, le premier ministre a lié leurs manoeuvres de la semaine dernière au projet de loi sur les armes à feu.

«Ils ont même passé 21 heures à voter parce qu’ils préféraien­t plutôt parler de cela que de débattre du sujet des armes à feu», a avancé M. Trudeau alors qu’aux Communes, les conservate­urs le bombardaie­nt de questions sur M. Jean.

«Non, pas du tout», a protesté le député Paul-Hus à la sortie des Communes. «On est prêt à débattre dès maintenant de C-71. J’ai fait mon discours […], vous avez vu», a-t-il fait remarquer. «Au lieu de continuer à débattre sur des projets de loi, nous, on veut régler la situation, régler notre demande d’avoir M. Jean en audience », a-t-il insisté.

À ses côtés, son collègue Erin O’Toole se disait assuré d’avoir «beaucoup d’outils à [sa] dispositio­n» et assurait que le gouverneme­nt «va continuer de [les] entendre là-dessus», n’excluant pas d’interrompr­e les débats sur d’autres projets de loi.

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