Le Devoir

L’ex-patron congédié a gagné 12,3 millions en 2017

- JULIEN ARSENAULT

Àson seul exercice complet aux commandes de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), l’ex-président et chef de la direction Luc Jobin, qui s’est fait montrer la porte le 5 mars, a vu sa rémunérati­on globale atteindre 12,3 millions en 2017. Il s’agit d’une hausse marquée par rapport à sa paye totale de 8,3 millions pour 2016, lorsque M. Jobin était chef de la direction financière avant d’être nommé à la tête du plus important transporte­ur ferroviair­e au pays en milieu d’année.

Ces informatio­ns figurent dans la circulaire de sollicitat­ion envoyée aux porteurs de titres du CN en vue de l’assemblée annuelle du 24 avril, qui se tiendra à Toronto. Au total, les émoluments des cinq plus hauts dirigeants de l’entreprise, qui tiennent notamment compte des salaires de base, des attributio­ns sur des actions et des primes, ont totalisé 29,2 millions en 2017, par rapport à 29,8 millions lors de l’exercice précédent.

Le salaire global de M. Jobin a toutefois été inférieur à celui du chef de la direction du Canadien Pacifique, Keith Creel, qui a obtenu 20,1 millions — dont 10,5 millions en options d’achat d’actions.

Rester chef de file

M. Jobin a été remplacé de façon intérimair­e par Jean-Jacques Ruest, qui était vice-président directeur et chef du marketing, alors que le CN faisait l’objet de nombreuses critiques en raison d’une détériorat­ion de son service depuis plusieurs mois. «La fin de l’année fut quant à elle marquée par des défis opérationn­els, écrivent M. Ruest et le président du conseil, Robert Pace, dans leur message destiné aux actionnair­es. Le CN agit rapidement et fait preuve de déterminat­ion pour conserver sa position de chef de file.»

M. Ruest, qui compte 22 ans de service au sein du CN, sera en poste jusqu’à ce qu’un successeur permanent entre en fonction. Un processus internatio­nal visant à recruter un nouveau dirigeant a déjà été mis en oeuvre. Entre-temps, la société ferroviair­e souligne, dans sa circulaire, être en train de conclure «les arrangemen­ts se rapportant au départ de M. Jobin du CN eu égard aux exigences applicable­s prévues par la loi et aux régimes de la compagnie».

Les producteur­s céréaliers

Le CN s’est attiré les foudres de plusieurs de ses clients au cours des dernières semaines, dont des producteur­s céréaliers situés dans la région des Prairies. Le CN et le Canadien Pacifique ont reconnu que les conditions météorolog­iques particuliè­rement difficiles de l’hiver avaient compliqué le transport de marchandis­es, ce qui s’est reflété sur la qualité de leur service. Après avoir fait son mea culpa et promis de corriger le tir, le CN a commandé de nouvelles locomotive­s et pourra en utiliser 130 en location d’ici quelques semaines. Il embauche aussi 2000 travailleu­rs, dont des centaines de chefs de train.

Malgré ses problèmes au chapitre de l’exécution, la société ferroviair­e a terminé l’exercice 2017 en affichant un chiffre d’affaires de 13 milliards, en progressio­n de 8 %. Les profits nets ont bondi de 51%, à 5,5 milliards, grâce entre autres à l’impact de la réforme fiscale américaine, qui abaisse à 21% la tranche fédérale du taux d’imposition des sociétés. Abstractio­n faite des éléments non récurrents, le bénéfice ajusté a été de 3,8 milliards, ou 4,99$ par action, en hausse de 6%.

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