Le Devoir

Facebook ne parvient pas encore à éteindre l’incendie qui sévit

Le régulateur américain du commerce examine les pratiques du groupe en matière de données privées

- JULIE CHARPENTRA­T à S an Francisco Avec Le Devoir

Accusé de ne pas protéger suffisamme­nt les données de ses utilisateu­rs, et malgré de nouvelles excuses, Facebook ne parvient pas à enrayer sa chute à Wall Street, relancée lundi par l’annonce d’une enquête aux États-Unis. Le régulateur américain du commerce (Federal Trade Commission, FTC) a en effet indiqué examiner les pratiques du groupe en matière de données privées, ce qui a immédiatem­ent fait plonger le titre jusqu’à -6 %.

L’action de Facebook a toutefois profité de l’emballemen­t généralisé de Wall Street lundi pour terminer la séance en légère hausse. Wall Street était rassurée par la confirmati­on d’un dialogue entre les ÉtatsUnis et la Chine concernant le déficit commercial américain, venant apaiser les craintes de guerre commercial­e. Selon les résultats définitifs à la clôture, le Dow Jones a pris 2,8% ou 669,40 points, à 24 202,60 points. Le Nasdaq, à forte coloration technologi­que a gagné 3,3 %, ou 227,88 points, à 7220,54 points. L’indice élargi S & P 500 a progressé de 2,7 %, ou 70,29 points, à 2658,55 points.

Le Trésor américain a confirmé lundi que le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, avait appelé Liu He, principal responsabl­e économique chinois promu vice-premier ministre en charge des secteurs économique­s et financiers de la Chine.

Ils «se sont engagés à poursuivre le dialogue pour trouver une solution mutuelleme­nt acceptable » afin de réduire le déficit commercial américain, a indiqué une porte-parole.

Facebook a profité de cet engouement, terminant en petite hausse (+0,4%) après avoir perdu jusqu’à 6% en séance lorsque le FTC a confirmé avoir ouvert une enquête. Depuis l’éclatement d’une polémique il y a un peu plus d’une semaine sur l’utilisatio­n indue de données sur le réseau social par la société Cambridge Analytica (CA), le cours a perdu 13,5 %, soit environ 70 milliards de dollars de capitalisa­tion boursière.

«La FTC est fermement décidée à utiliser tous les outils dont elle dispose pour protéger la vie privée des consommate­urs», a indiqué l’organisme. Le régulateur veut notamment savoir si Facebook a violé un accord amiable qu’ils ont signé en 2011, le réseau social étant alors accusé d’avoir «trompé» les consommate­urs en disant que leurs données étaient confidenti­elles alors qu’il les avait «partagées» de façon «répétée».

«Les entreprise­s qui ont conclu un accord avec la FTC doivent aussi se conformer aux règles (de la FTC) sur la protection et la sécurité des données personnell­es», a précisé lundi le régulateur en guise d’avertissem­ent.

Cet accord amiable — dont le contenu reste disponible sur le site Internet de la FTC — contenait huit points contre Facebook, qui s’était engagé à l’époque à changer ses pratiques notamment en recueillan­t l’accord explicite des utilisateu­rs concernant l’usage de leurs données et en ne faisant plus de déclaratio­ns trompeuses sur la confidenti­alité des données.

Précisémen­t, la FTC soulignait le problème des applicatio­ns tierces auxquelles on accède par son compte Facebook. C’est une applicatio­n de ce type qui a permis à CA de mettre la main sur les données des utilisateu­rs. Alors que Facebook prétendait que ces applicatio­ns externes n’accédaient qu’à une quantité limitée de données, «en réalité, elles pouvaient accéder à toutes les données personnell­es de l’utilisateu­r», accusait la FTC en 2011.

La semaine dernière, le patron de Facebook Mark Zuckerberg a expliqué avoir — en 2014 — «modifié entièremen­t la plateforme pour limiter de façon très importante la quantité de données auxquelles pouvaient accéder ces applicatio­ns» tierces.

Le réseau social aux plus de 2 milliards d’utilisateu­rs dans le monde s’exposerait à des amendes s’il était démontré qu’il a enfreint l’accord amiable de 2011. Le scandale pourrait coûter très cher au groupe, dont le modèle économique est basé sur les données personnell­es qui permettent aux annonceurs de cibler au plus près leurs messages.

Le régulateur veut savoir si Facebook a violé un accord amiable qu’ils ont signé en 2011

 ?? JOSH EDELSON AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Depuis l’éclatement d’une polémique sur l’utilisatio­n indue de données sur le réseau social par la société Cambridge Analytica, le cours a perdu 13,5% de capitalisa­tion boursière.
JOSH EDELSON AGENCE FRANCE-PRESSE Depuis l’éclatement d’une polémique sur l’utilisatio­n indue de données sur le réseau social par la société Cambridge Analytica, le cours a perdu 13,5% de capitalisa­tion boursière.

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