Le Devoir

Riyad menace de nouveau Téhéran

L’Arabie saoudite accuse l’Iran d’être à l’origine des tirs de missiles de rebelles yéménites

- ANUJ CHOPRA à Riyad JAMIL NASSER à Sanaa

L’Arabie saoudite a menacé lundi l’Iran de représaill­es après l’avoir mis en cause dans le tir de missiles par les rebelles yéménites contre son territoire, dans un nouvel accès de fièvre entre les deux grands rivaux du Moyen-Orient.

Depuis le 26 mars 2015, Riyad dirige une coalition militaire de pays musulmans sunnites intervenan­t au Yémen, pays voisin de l’Arabie saoudite, pour aider le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi face aux rebelles houthis, maîtres de la capitale Sanaa et de vastes régions du pays.

Le royaume saoudien et M. Hadi accusent l’Iran d’armer les Houthis. Téhéran affirme soutenir les rebelles, mais dément leur procurer des armes et accuse à son tour Riyad de «crimes de guerre» au Yémen.

Près de 10 000 personnes ont péri dans ce conflit et la famine menace la population.

Ce n’est pas la première fois que l’Arabie saoudite sunnite menace l’Iran chiite dans le cadre de la guerre au Yémen, qui a exacerbé les tensions entre ces deux pays qui n’ont plus de relations diplomatiq­ues depuis 2016 et s’opposent sur d’autres conflits ou crises dans la région.

La nouvelle escalade a éclaté après le tir, dimanche, par les Houthis, de sept missiles contre le territoire saoudien. Les projectile­s ont été intercepté­s par la défense antiaérien­ne, mais un travailleu­r égyptien a été tué et trois autres personnes ont été blessées par la chute de débris sur une habitation à Riyad.

«Nous nous réservons le droit de riposter contre l’Iran en temps et lieu», a prévenu Turki al-Maliki, porte-parole saoudien de la coalition, lors d’une conférence de presse à Riyad.

Il a affirmé que ces tirs constituai­ent «une sérieuse escalade», en accusant l’Iran de faire passer des armes par le biais du port de Hodeida et l’aéroport de Sanaa, sous contrôle des Houthis.

Le porte-parole a prévenu que la coalition «prendrait toutes les mesures pour assurer la sécurité » du royaume saoudien.

Depuis novembre, les Houthis ont tiré plusieurs missiles balistique­s vers l’Arabie saoudite. Mais c’est la première fois qu’autant de missiles sont tirés en une seule fois.

Réactions à l’internatio­nal

Washington, Paris et Londres ont condamné les tirs de missiles de dimanche et exprimé leur solidarité avec Riyad.

Lundi, l’Iran n’a pas répondu à Riyad mais à Londres qui avait demandé à Téhéran de «cesser d’envoyer des armes qui prolongent le conflit » au Yémen.

«Sans l’ombre d’un doute, la Grande-Bretagne a une responsabi­lité directe dans les crimes de guerre commis […] au Yémen, en vendant des armes» aux pays de la coalition sous commandeme­nt saoudien, a dit un porte-parole des Affaires étrangères iraniennes.

Les Houthis ont marqué lundi le troisième anniversai­re de l’interventi­on de la coalition, qualifiée d’«agression» saoudienne, par une démonstrat­ion de force à Sanaa. Des centaines de milliers de leurs partisans se sont rassemblés place Sabyine, où chants guerriers, poèmes et discours enflammés contre les États-Unis, les juifs et les chrétiens ont émaillé la manifestat­ion.

Aucune solution n’est en vue dans ce conflit et toutes les tentatives d’un règlement politique ont échoué jusqu’ici.

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