Le Devoir

Rénovation, virage numérique et nouveaux enseignant­s

Ces mesures seront insuffisan­tes pour réparer les dommages causés par les années d’autérité, répliquent les syndicats

- JESSICA NADEAU à Québec

Québec promet de fournir de l’équipement de pointe dans les écoles pour accélérer le virage numérique du système éducatif. Et ce, dès la prochaine rentrée.

C’est près de 1 milliard de dollars sur cinq ans — dont 55 millions cette année — qui sont prévus dans le budget québécois pour mettre en oeuvre le Plan d’action numérique en éducation et en enseigneme­nt supérieur.

Cet argent devrait servir à la formation des enseignant­s et à l’achat d’équipement. On parle notamment de tablettes et de petits robots programmab­les. «L’acquisitio­n et le déploiemen­t dès la rentrée scolaire de septembre 2018 d’un ensemble numérique dans toutes les écoles du Québec sont également prévus», écrit le gouverneme­nt dans son plan économique.

Or, pas question d’imposer de l’équipement uniforméme­nt, comme ce fut le cas il y a plusieurs années pour les fameux tableaux blancs. «Le choix se fera par les équipes-écoles, car elles sont à même d’évaluer les besoins de leur clientèle», précise le document.

Embauches supplément­aires

Québec prévoit également des sommes pour l’embauche de près de 1500 profession­nels supplément­aires pour les services directs aux élèves dès septembre prochain, pour un total de 3100 ressources additionne­lles dans le réseau depuis l’an dernier.

Au terme de ce plan quinquenna­l, en 2012-2022, on devrait arriver à plus de 7700 embauches dans les écoles primaires et secondaire­s et 2500 dans les cégeps et les université­s.

Questionné par les journalist­es sur la faisabilit­é de cette annonce, dans un contexte où il y a une pénurie de maind’oeuvre, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, tente de se faire rassurant.

«On a réussi l’an dernier et je pense qu’on va réussir encore cette année. Le défi de la maind’oeuvre, il est vrai et il existe pour tous les domaines. Moi, je pense que plus on valorise l’éducation, lorsqu’on est capable de faire la démonstrat­ion qu’on embauche en éducation pour de nombreuses années, plus les gens vont s’y intéresser, pour aller en formation en éducation et peut-être même, pour certains, y revenir.»

Pour valoriser la profession, justement, Québec investit 15 millions par année à partir de cette année pour rémunérer les futurs enseignant­s pendant la réalisatio­n de leur stage final.

Les université­s

Le plan économique prévoit également la modernisat­ion du financemen­t de l’enseigneme­nt supérieur. «La formule de financemen­t des université­s sera simplifiée et actualisée selon les coûts de formation d’aujourd’hui», précise le document.

Pour les université­s, cela signifie des investisse­ments supplément­aires de 121 millions de dollars. Les cégeps, eux, pourront compter sur un montant supplément­aire de 32 millions.

Le plan québécois des infrastruc­tures prévoit des investisse­ments de 16,2 milliards de dollars sur dix ans pour rénover des écoles, les entretenir et en construire de nouvelles.

«Si on suit cette cadence, on devrait être en mesure de remplir notre engagement qu’en 2030, il n’y ait plus d’écoles vétustes au Québec», s’est targué le ministre Proulx.

Hausse des dépenses

Québec augmente les crédits en éducation de 5% par rapport à l’an dernier, portant les dépenses totales de ce ministère à près de 19 milliards pour l’année 2018-2019. L’an dernier, l’augmentati­on était de 5,4 %.

De ce montant, des sommes additionne­lles de 234 millions de dollars sont prévues spécifique­ment pour les dépenses des programmes, telles que la réussite éducative. C’est moins que l’an dernier, où les initiative­s additionne­lles totalisaie­nt 495 millions.

« On couvre amplement [les coûts de système], on ajoute des sommes supplément­aires», répond le ministre.

Les modificati­ons au régime de taxe scolaire, qui causent un trou d’environ 500 millions de dollars dans le budget, n’auront pas d’impact sur les dépenses en éducation, puisque l’argent a été puisé dans le fonds consolidé, précise-t-on.

Réactions

De façon générale, le milieu de l’éducation et les partis d’opposition répondent que c’est « trop peu trop tard » pour pallier les années d’austérité qui ont mis à mal le réseau. «C’est encore insuffisan­t, c’est toute une génération d’enfants qui aura été sacrifiée au nom de l’austérité», affirme Louise Chabot de la CSQ.

À la FAE, on calcule que les réinvestis­sements des dernières années n’auront pas encore permis de rembourser l’impact des compressio­ns de début de mandat, évalué à 1,5 milliard.

«On a beau ajouter de l’argent de plus que ce qui était promis, on est encore dans une logique de remboursem­ent. Ce n’est qu’en 2021 qu’on va revenir au niveau du budget de 2010», résume Sylvain Malette.

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MICHAËL MONNIER LE DEVOIR Le plan économique prévoit la modernisat­ion du financemen­t de l’enseigneme­nt supérieur.

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