Le Devoir

Petite enfance : hausse du crédit d’impôt pour les garderies privées non subvention­nées

- JESSICA NADEAU à Québec

Québec bonifie l’aide aux familles qui choisissen­t d’envoyer leurs enfants dans des garderies privées non subvention­nées afin d’éliminer les différence­s de coûts entre les services privés subvention­nés et ceux qui ne le sont pas.

C’est un peu plus de 150 millions qui seront ainsi retournés en crédits d’impôt aux familles dont les enfants fréquenten­t un service de garde privé non subvention­né, et ce, dans le but de « maintenir l’équité entre les services de garde d’enfants ».

« Afin de permettre le libre choix des parents entre un service de garde subvention­né et non subvention­né, le régime fiscal vise la neutralité quant au coût net d’un service de garde», écrit le gouverneme­nt dans son plan économique.

Présenteme­nt, selon l’analyse réalisée par Québec, un couple dont les revenus totalisent 100 000$ et qui envoie son enfant dans une garderie privée non subvention­née paye environ 1$ de plus par jour que celui qui, au même salaire, envoie son enfant dans les CPE ou tout autre service subvention­né.

Ces familles peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt, mais les frais de garde admissible­s étaient jusqu’alors plafonnés à 9000$ par année, soit l’équivalent de 35$ par jour. Au-delà de ce montant, les parents doivent débourser de leur poche.

Québec augmente donc ce plafond pour le faire passer de 9000 à 9500$, ce qui équivaudra, selon son calcul, à un gain variant entre 130 et 375$ par famille. Pour les enfants handicapés, le plafond est augmenté de 2000 $.

Augmentati­on des tarifs

Dans le futur, le plafond des frais de garde sera indexé sur une base annuelle, ce qui «permettra de prendre en compte les augmentati­ons futures des tarifs de garde ».

Car au-delà de l’aide aux parents, ce sont les garderies privées non subvention­nées qui vont bénéficier de cette annonce. Il y a longtemps que celles-ci réclament une bonificati­on du crédit d’impôt.

En effet, elles avancent que leurs frais de gestion augmentent sans cesse, mais comme le remboursem­ent est plafonné à 35 $ par jour, plusieurs hésitent à augmenter leurs tarifs, craignant de perdre des clients, sachant que la facture sera directemen­t donnée aux parents.

Réactions

En conférence de presse, Nicolas Marceau, du Parti québécois, a vivement dénoncé cette annonce qui, selon lui, favorise encore les garderies privées non subvention­nées au détriment du réseau public.

«C’est incroyable que, de façon volontaire, un gouverneme­nt dirige les enfants vers un réseau de qualité moindre. »

Il ajoute que le crédit d’impôt pour les garderies privées non subvention­nées est «un puits sans fond» sur lequel le gouverneme­nt n’a «aucun contrôle» et invite la vérificatr­ice générale à se pencher sur «la croissance spectacula­ire » de ces crédits.

De son côté, François Legault, le chef de la CAQ, estime qu’il s’agit d’une «bonne idée» que de rétablir «l’équité» entre les services de garde.

«Je ne suis pas d’accord avec le Parti québécois, qui a peur du mot “privé”. On n’est pas en religion. Les deux systèmes fonctionne­nt bien, il y a de la place pour tout le monde.»

Enfin, l’Associatio­n québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) demande au gouverneme­nt de «faire la preuve que ces investisse­ments additionne­ls vont contribuer à l’améliorati­on de la qualité dans les services de garde privés non subvention­nés. »

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ASHLEY WILEY ISTOCK Un peu plus de 150 millions seront retournés en crédits d’impôt aux familles dont les enfants fréquenten­t un service de garde privé non subvention­né.

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