Le Devoir

Des milliards en transport « durable »

Québec met la table en vue du dépôt prochain d’une politique gouverneme­ntale

- ALEXANDRE SHIELDS à Québec

La politique de « mobilité durable» attendue d’ici quelques jours est sans surprise le pivot central des investisse­ments en transports annoncés dans le budget présenté mardi par le gouverneme­nt Couillard. D’ici cinq ans, plus de 3,5 milliards de dollars doivent y être consacrés.

Québec a ainsi clairement mis la table en vue d’une politique qui, promet-on dans les documents budgétaire­s, sera dévoilée «prochainem­ent».

Le plan économique pour l’année à venir prévoit donc un ajout de 1,8 milliard dans diverses mesures en transports, une enveloppe qui vient s’ajouter à celle de 1,7 milliard annoncée l’an dernier.

Ces fonds totalisant 3,5 milliards seront injectés, à hauteur de 845 millions, pour «accroître et améliorer l’offre de services de transport collectif et de transport adapté dans toutes les régions du Québec ».

La plus grande part du gâteau, soit près de 700 millions, est prévue spécifique­ment pour le transport en milieu «urbain», tandis que 39 millions iront pour «améliorer le transport collectif régional», un secteur qui a essuyé des reculs importants au cours des dernières années.

À cela s’ajoutent près de 430 millions pour le développem­ent d’un transport terrestre que les libéraux souhaitent «plus propre et performant». Mais la plus grande part du financemen­t ira tout de même à l’entretien des réseaux routiers locaux, et donc au financemen­t de l’«entretien» et de la «réfection» des infrastruc­tures consacrées principale­ment à l’auto solo.

On prévoit toutefois 94 millions d’ici 2020 pour des mesures qui doivent favoriser l’acquisitio­n de véhicules électrique­s.

À l’heure actuelle, le Québec compte un peu plus de 20 000 voitures électrique­s, alors que l’objectif du gouverneme­nt est d’atteindre une cible de 100 000 d’ici deux ans. Un objectif hors d’atteinte, selon ce qui se dégage des prévisions du Plan d’action 2013-2020 sur les changement­s climatique­s.

Les documents budgétaire­s déposés mardi rappelant néanmoins que les mesures en «mobilité durable» permettron­t de réduire les émissions de gaz à effet de serre, en plus de «réduire le temps de déplacemen­t des citoyens» et de «favoriser l’électrific­ation des transports».

Ligne bleue

Il faut dire que trois projets majeurs sont à venir, dont le prolongeme­nt de la ligne bleue du métro de Montréal, pour un montant préliminai­re estimé à 3,9 milliards. À cela s’ajoutent le Réseau express métropolit­ain (REM) et le projet «structuran­t» de Québec, pour un total évalué à 13,5 milliards.

Le gouverneme­nt du Québec n’assumera évidemment pas seul la facture, mais sa part finale n’est toujours pas connue, a précisé mardi le ministère des Finances.

Le budget du ministre des Finances, Carlos Leitão, prévoit cependant des investisse­ments de 215 millions de dollars dès cette année pour les plans et devis du projet de transport incluant un tramway à Québec.

Le gouverneme­nt Couillard n’a par ailleurs pas voulu s’engager sur une éventuelle annonce pour le lancement des travaux de constructi­on de cinq stations supplément­aires sur la ligne bleue. Mais au cours de la dernière année, des investisse­ments de 364,9 millions ont été autorisés afin de lancer les «premières activités» qui mèneront au prolongeme­nt. Un chantier «complexe», a admis le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand.

Tous ces investisse­ments ont été salués par le directeur principal d’Équiterre, Steven Guilbeault, qui y voit un «véritable changement de cap» dans la façon de développer les transports au Québec. Selon lui, il est d’ailleurs impératif d’agir dans ce secteur, responsabl­e de 42 % du bilan des émissions de gaz à effet de serre de la province.

La somme prévue pour la ligne bleue ravit la mairesse Valérie Plante, même si aucun échéancier n’est précisé. En revanche, la ligne rose n’apparaît pas dans le budget.

«Ça ne m’inquiète pas du tout parce qu’il y a des étapes à franchir », a indiqué Mme Plante en précisant que Montréal créerait bientôt un bureau de projet pour documenter le projet. La mairesse déplore toutefois que Québec ait privilégié le prolongeme­nt de l’autoroute 19 plutôt que l’aménagemen­t d’un boulevard urbain.

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OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR La plus grande part du gâteau, soit près de 700 millions, est prévue spécifique­ment pour le transport en milieu «urbain».

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