Le Devoir

De l’air pour les PME

L’allégement du fardeau fiscal pourrait atteindre 614 millions par année

- FRANÇOIS DESJARDINS à Québec

Les PME demandaien­t qu’on leur réserve une place dans le budget, compte tenu des annonces récentes au sujet des normes de travail, des cotisation­s au Régime de rentes du Québec et du salaire minimum. Le gouverneme­nt Couillard, qui laissait planer une réponse positive, abaisse leur fardeau fiscal de 229 millions dès cette année et prévoit un peu plus de 100 millions pour diverses mesures devant appuyer le développem­ent de la main-d’oeuvre.

Le milieu des affaires, tant chez les regroupeme­nts d’entreprise­s industriel­les que dans les chambres de commerce, a réagi très favorablem­ent aux mesures mardi en rappelant qu’elles surviennen­t dans un contexte de pénurie grandissan­te de personnel et d’une incertitud­e persistant­e relativeme­nt à la négociatio­n de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Sur le plan fiscal, les PME des secteurs des services et de la constructi­on verront donc leur taux d’imposition reculer de 8 à

4%. De manière générale, les petites et moyennes entreprise­s bénéficier­ont aussi d’une diminution de leurs cotisation­s au Fonds des services de santé, une taxe sur la masse salariale que le milieu des affaires estime néfaste depuis longtemps. D’ici cinq ans, ces deux mesures représente­ront environ 614 millions par année.

«Notre réaction est somme toute positive», a dit Martine Hébert, vice-présidente principale à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te. La diminution du taux d’imposition de 8 à 4% rapprocher­a les PME du niveau canadien, selon la FCEI. Cependant, l’allégement fiscal global, toujours d’ici cinq ans, ne compensera pas entièremen­t le coût des récentes annonces de Québec, comme celles des normes du travail et le salaire minimum. La modernisat­ion de la Loi sur les normes du travail, à elle seule, pourrait coûter 690 millions par année.

Par ailleurs, sur la somme de 106 millions consacrée au marché du travail — une intention qui laisse entrevoir 172 millions par année d’ici 2023 —, Québec prévoit environ 25 millions pour l’intégratio­n des immigrants, ce qui comprend le volet recrutemen­t. Ces mesures portant sur l’intégratio­n des immigrants au marché du travail ont été saluées par l’ensemble du milieu des affaires. Entre autres, Québec veut soutenir les organismes communauta­ires et souhaite bonifier les ser vices de francisati­on.

De plus, Québec a prévu 37 millions pour le crédit d’impôt aux travailleu­rs d’expérience. La mesure fera reculer de 62 à 61 l’âge minimal pour bénéficier du crédit d’impôt, lequel est de 15% sur les sommes admissible­s. Le revenu de travail admissible pour une personne de 61 ans, soit 3000$, augmente avec l’âge.

«Le budget permettra à la Stratégie nationale de la maind’oeuvre de prendre vie», s’est réjoui le Conseil du patronat du Québec (CPQ). «Avec des investisse­ments additionne­ls spécifique­s de 810 millions d’ici 2023, le gouverneme­nt se donne les moyens de traiter des enjeux de main-d’oeuvre.» Selon le CPQ, toutefois, les annonces de Québec au sujet de l’allégement du fardeau fiscal «ne viendront pas totalement compenser l’alourdisse­ment global du fardeau financier et administra­tif pour les entreprise­s, particuliè­rement les entreprise­s de plus grande taille».

Autres mesures

Dans les autres annonces, Québec s’est penché sur le rabais dont jouissent les grands projets d’investisse­ment sur leur facture d’électricit­é. La durée maximale du rabais consenti par ce programme, qui touche au tarif L d’Hydro-Québec, sera désormais de six ans plutôt que quatre. Aussi, le programme a été prolongé de quatre ans, jusqu’à la fin 2028.

Le gouverneme­nt Couillard a également majoré ce que les entreprise­s peuvent déduire lorsqu’elles investisse­nt dans la technologi­e de pointe. Ce taux passera de 35 à 60% et la mesure sera prolongée jusqu’en mars 2020. En deux ans, une société peut ainsi avoir la possibilit­é de déduire la totalité d’un investisse­ment, a fait valoir Québec, qui évalue à 30 000 le nombre d’entreprise­s pouvant en bénéficier pour un coût fiscal de 241 millions sur cinq ans.

Toutes ces mesures contribuer­ont à la compétitiv­ité, ont affirmé les Manufactur­iers et Exportateu­rs du Québec. «Pour la grande entreprise, il y a moins de mesures qui stimulent l’investisse­ment et qui s’assurent que les investisse­ments se fassent au Québec, et non aux États-Unis», a dit la présidente du regroupeme­nt, Véronique Proulx. «Quand on tient compte de la réforme fiscale américaine, de la renégociat­ion de l’ALENA, ça crée beaucoup d’incertitud­e.» Par exemple, a-t-elle mentionné, le budget n’a pas augmenté les taux pour les crédits d’impôt à la recherche et au développem­ent. «Avec la réforme américaine, il est devenu plus intéressan­t de faire de la R&D aux États-Unis. On aurait aimé des mesures d’atténuatio­n. »

Sur la somme de

106 millions consacrée au marché du travail, Québec prévoit environ 25 millions pour l’intégratio­n des immigrants, ce qui comprend le volet recrutemen­t

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Les PME des secteurs des services et de la constructi­on verront leur taux d’imposition reculer de 8 à 4%.

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