Le Devoir

Un bon gestionnai­re comme évaluateur

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Dans Le Devoir de fin de semaine des 10 et 11 mars derniers, une ex-enseignant­e et chargée de cours de 37 années d’expérience, déçue d’avoir été laissée à elle-même au cours de toutes ces années, implore le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, de venir à bout de la saignée importante de jeunes professeur­s, qui partent après cinq ans de pratique (25%), par des mesures d’encadremen­t comme l’évaluation de leur enseigneme­nt.

La dame, qui aurait aimé, au cours de sa longue carrière, jouir d’évaluation­s fréquentes de la part de la direction de son école, pour connaître ses forces et ses faiblesses, n’a eu droit qu’à une visite de 45 minutes dans sa classe, à la suite de son insistance, en 37 ans. Elle se dit fort déçue de cette expérience, au motif qu’elle s’est terminée en queue de poisson, faute de temps pour la direction d’en assurer le suivi. En plus, faute de compétence et de moyens pour accomplir objectivem­ent et en toute neutralité pareil exercice, selon ma propre expérience. Comment aurait-il pu en être autrement? La professeur­e, qui croyait son sort entre les mains d’un véritable leader pédagogiqu­e en la personne de la directrice, déplore d’avoir plutôt eu affaire à une gestionnai­re croulant sous les tâches administra­tives, réduite aux rôles de statistici­enne de la réussite et d’éteignoir de feux allumés par des élèves à problèmes.

Cette expérience démontre, une fois de plus, que ce n’est pas demain la veille qu’un procédé d’évaluation de l’enseigneme­nt (ou de l’enseignant?) digne de ce nom pourra voir le jour dans les écoles.

Quelqu’un qui s’est penché sur la question avec une pensée libre et en toute lo- gique sait fort bien qu’il s’agit là de la quadrature du cercle. Même le ministre semble l’avoir appris à ses dépens, puisqu’il tient tellement à la mise sur pied d’un ordre profession­nel des enseignant­s «autodiscip­linateur». Pour donner à l’opinion publique l’illusion qu’enfin les enseignant­s seront évalués à leur juste valeur sur une base solide. Et qu’enfin on n’en parlera plus. Marcel Lapointe

Jonquière, le 26 mars 2018

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