Le Devoir

Dépolitise­r le système de santé

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À la suite des récents dérapages en santé, il est urgent de DÉPOLITISE­R la santé. Il est impératif de prendre des décisions basées sur les besoins de la population et non en regard des partis politiques, voire des programmes électoraux ou encore des intérêts corporatis­tes des différente­s fédération­s ou des syndicats, et ce, afin d’éviter d’être continuell­ement dans une nouvelle réforme, car une réforme n’attend pas l’autre en santé avec des résultats souvent mitigés. Le paquebot de la santé est devenu une girouette qui navigue au gré et au bon vouloir du ministre de la Santé, les acteurs sur le terrain n’ayant pas le temps d’assimiler une réforme qu’il y en a une nouvelle.

STOP, c’est la dépression!!! J’en perds mon latin.

Le système de santé a besoin de stabilité et d’une vision à long terme où tous les acteurs, médecins spécialist­es, infirmière­s, médecins, préposés, profession­nels de la santé, gestionnai­res mais aussi tous les partis politiques confondus sont redevables et doivent «livrer la marchandis­e » : ce n’est plus un choix, mais une OBLIGATION.

Il est temps de travailler tous ensemble dans le respect mutuel avec comme un objectif commun un système de santé plus convivial, plus efficace, où l’accessibil­ité aux soins devient une priorité et non une dépense.

La direction du ministère de la Santé devrait avoir un comité permanent qui serait consultati­f auprès d’une «équipe ministérie­lle de la santé ».

Ce comité, de type conseil d’administra­tion, où tous les acteurs de la santé seraient représenté­s, y compris des représenta­nts de tous les partis politiques, aurait pour mandat d’évaluer les enjeux majeurs à prioriser. La médiatisat­ion des problèmes du système de santé devrait aussi être une source d’informatio­ns constructi­ve afin d’améliorer le fonctionne­ment en ciblant certains problèmes structurel­s et non constituer une source de négociatio­n ou de dénigremen­t pour des fins politiques et/ou corporatis­tes.

Notre système de santé souffre non pas d’un cancer, mais de dépression : il n’a pas besoin de chimiothér­apie, mais d’une bonne psychothér­apie.

Ensemble, si nous ramons tous dans la même direction, plutôt que chacun pour soi, peut-être verrions-nous la lumière au bout du tunnel. La confiance et le respect entre nous doivent être rebâtis pour atteindre cet idéal: le Québec et les Québécois l’exigent !

Il n’y a pas de solution simple, mais ensemble, c’est possible de faire beaucoup mieux afin d’avoir un système de santé dont nous sommes fiers et qui fera l’envie de tous les autres pays.

Christian Ahmarani, MD, FRCSC. Chef de la division d’ORL & CCF du Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal.

Le 23 mars 2018

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