Le Canada resserre ses mesures antidumping pour l’acier et l’aluminium
Ottawa — Le gouvernement canadien adopte des mesures supplémentaires afin d’assurer Washington que le Canada ne sera pas une passerelle pour le dumping d’acier et d’aluminium étranger aux États-Unis.
L’Agence des services frontaliers du Canada obtient des pouvoirs accrus afin de détecter les entreprises qui tenteraient de contourner les tarifs douaniers imposés à certains pays, dont la Chine. L’agence pourra aussi déterminer avec plus de flexibilité si les prix de ces métaux dans les pays d’origine sont réalistes.
Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a expliqué mardi que ces mesures visent à protéger ces secteurs au Canada, tout en s’assurant que des entreprises ne contourneront pas les règles canadiennes.
À compter de la mi-avril, les syndicats seront par ailleurs mis à contribution dans les recours en matière de commerce, notamment au Tribunal canadien du commerce extérieur, afin de déterminer si les exportations étrangères nuisent aux industries canadiennes.
Ces mesures sont annoncées alors que le Canada a évité, pour l’instant du moins, les tarifs douaniers imposés par la Maison-Blanche sur les importations d’acier et d’aluminium de certains pays. Washington a toutefois laissé entendre que le Canada pourrait être finalement frappé de ces droits de douane, dès le mois de mai, si les négociations pour le renouvellement de l’Accord de libreéchange nord-américain ne progressaient pas au goût des Américains.
Le ministre Goodale croit que ces mesures, qui viennent s’ajouter aux autres déjà en place, pourraient rassurer les Américains.
«Nous insistons pour dire que nos règles sont très strictes, et nous allons continuer à nous assurer qu’elles sont pleinement appliquées et respectées, a-t-il précisé mardi. Nous n’allons pas permettre à qui que ce soit d’user de motifs spécieux pour s’en prendre à l’industrie canadienne de l’acier ou de l’aluminium, parce que ce serait purement et simplement injustifié.»
Le premier ministre Justin Trudeau a vanté ces mesures, lundi, dans un entretien téléphonique avec le président américain, Donald Trump. « On a toujours assuré les Américains que, par rapport à la diversion et à ces enjeux-là, on a toujours eu de bonnes mesures, mais si on peut démontrer qu’on est encore en train d’en faire même plus, c’est une bonne chose », a-t-il commenté mardi matin, à son arrivée aux Communes.
Le Canada s’est récemment fait l’écho des États-Unis en accusant la Chine de faire du « dumping » sur le marché mondial de l’aluminium et de l’acier. «Nos entreprises et nos travailleurs dépendent de nos industries intégrées, et nous allons prendre des mesures fermes en vue de défendre et de protéger nos relations commerciales les plus importantes.»
L’Europe aussi
Donald Trump et la chancelière d’Allemagne, Angela Merkel, ont également évoqué mardi des actions communes pour contrer les pratiques commerciales de la Chine jugées «déloyales» et pour lutter contre le vol de la propriété intellectuelle. «Le président Trump et la chancelière ont discuté de la possibilité d’unir leurs forces pour riposter contre les pratiques économiques déloyales de la Chine et contre le vol de la propriété intellectuelle», a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué. Le ministre de l’Économie allemand, Peter Altmaier, avait fait le déplacement à Washington la semaine dernière pour plaider la cause de l’UE qui a depuis obtenu une exemption jusqu’au 1er mai.
Dans un entretien téléphonique séparé avec le président de France, Emmanuel Macron, Donald Trump a également discuté mardi des échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Union européenne ainsi que « des prochaines étapes pour s’attaquer aux pratiques commerciales illégales de la Chine », selon un autre communiqué de la Maison-Blanche.
La commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, avait toutefois montré du doigt les surcapacités de la Chine en matière de production d’acier lors d’une visite dans la capitale américaine la semaine dernière également.