Moscou prépare sa riposte alors que l’OTAN sévit à son tour
L’expulsion massive de diplomates russes par des pays occidentaux après l’empoisonnement d’un ex-agent double au Royaume-Uni pourrait, selon Londres, constituer un «tournant» dans les relations avec Moscou, qui prépare sa riposte après l’annonce de nouvelles représailles de l’OTAN.
L’OTAN a annoncé mardi qu’elle avait décidé de retirer leurs accréditations à sept membres de la mission russe et de rejeter trois demandes d’accréditation supplémentaires.
«Un message clair est ainsi adressé à la Russie: les comportements dangereux et irresponsables ont un coût et des conséquences», a déclaré le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg.
Ces mesures s’ajoutent aux 121 expulsions déjà décrétées depuis lundi par 26 pays, dont les États-Unis et 18 membres de l’Union européenne, dans le cadre de représailles coordonnées du camp occidental, sans précédent même du temps de la guerre froide.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué devant le Parlement britannique «une réponse internationale sans précédent et robuste à cet acte irresponsable de la Russie ».
Ces expulsions « pourraient constitue r un tournant », selonlui .« L’ alliance occidentale a pris des mesures décisives et les partenaires du Royaume-Uni se sont unis contre l’ambition irresponsable du Kremlin. »
Après l’expulsion de 23 diplomates russes par le Royaume-Uni — à laquelle Moscou a réagi en expulsant à son tour des diplomates britanniques —, il s’agit d’un «nouveau coup dur pour les services de renseignement russes, qui mettront des années à s’en remettre», a-t-il poursuivi.
Au cours d’un échange téléphonique, les présidents français Emmanuel Macron et américain Donald Trump ont «salué la forte réaction internationale après l’attaque de Salisbury», selon un communiqué de l’Élysée. M. Trump s’est également entretenu au téléphone avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et les deux dirigeants se sont également félicités de cette réponse collective «à l’usage irresponsable d’armes chimiques par la Russie», selon la Maison-Blanche.
La menace russe?
Cette action coordonnée est une réponse à l’empoisonnement à l’agent innervant de Sergueï Skripal et de sa fille le 4 mars à Salisbury en Angleterre, attribué par Londres à la Russie. Les deux victimes sont toujours hospitalisées dans un état critique.
La première ministre britannique, Theresa May, a dit mardi à son gouvernement que les alliés de Londres ne réagissaient pas seulement «par solidarité avec le Royaume-Uni, mais aussi parce qu’ils reconnaissent la menace» représentée par la Russie, entre annexion de la Crimée, ingérences dans des élections étrangères, cyberattaques et soutien au régime syrien.
Moscou, qui nie être à l’origine de l’empoisonnement, a promis de contre-attaquer. «Nous allons riposter, n’en doutez pas! Parce que personne ne souhaite tolérer une telle muflerie et nous n’allons pas le faire», a prévenu mardi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
L’analyste Fiodor Loukianov a estimé mardi dans les pages du quotidien russe Vedomosti que ces expulsions, «particulièrement destructrices pour les relations russo-américaines», plongeaient les relations entre Moscou et les Occidentaux dans une nouvelle «période de guerre froide».