L’électricité du Québec voyagera par le Maine
Les distributeurs d’électricité se rabattent sur la solution de rechange d’Hydro-Québec
Le Massachusetts cherche toujours à s’approvisionner en hydroélectricité provenant du Québec, mais en empruntant désormais un nouveau chemin : l’État américain a décidé mercredi de tourner le dos au projet d’interconnexion Northern Pass, piloté par Hydro-Québec et son partenaire américain Eversource, pour se rabattre sur la solution de rechange de la société d’État, le projet New England Clean Energy Connect (NECEC).
« Notre approche pour l’appel de propositions du Massachusetts en était une qui mettait en avant diverses options. Et nous sommes très satisfaits de cette approche-là, qui s’est avérée gagnante, a déclaré mercredi la porte-parole d’Hydro-Québec Lynn St-Laurent. Peu importe le chemin, il reste que c’est un contrat qui va être gagnant pour les Québécois. »
Deuxième option
Le projet Northern Pass a d’abord été retenu par le Massachusetts le 25 janvier dernier pour
permettre à l’État américain de recevoir 9,45 térawattheures (TWh) d’hydroélectricité québécoise par année pendant 20 ans. Le New Hampshire Site Evaluation Committee a cependant rejeté le projet au début du mois de février, en fixant au 27 mars la date limite pour permettre aux promoteurs et aux distributeurs d’électricité du Massachusetts d’en arriver à une entente.
Cette échéance étant dépassée, le Massachusetts a annoncé mercredi que les distributeurs d’électricité ont officiellement mis de côté le projet Northern Pass et qu’ils tenteront maintenant de conclure un contrat avec les responsables du projet NECEC. Ils ont jusqu’au 25 avril pour s’entendre, en vue d’une livraison d’électricité devant débuter en 2022.
Le choix de la ligne par laquelle passerait l’hydroélectricité québécoise ne change rien aux revenus projetés par Hydro-Québec. Après avoir remporté le contrat d’approvisionnement du Massachusetts, son président-directeur général, Éric Martel, avait estimé que l’entente représenterait des revenus de 10 milliards de dollars sur 20 ans pour la société d’État. Cette estimation, qui pourra varier selon les termes du contrat qui doit être négocié, tient toujours, a indiqué mercredi Mme St-Laurent.
Recommencer le travail
Le New England Clean Energy Connect est piloté conjointement par Hydro-Québec et la société Central Maine Power, une filiale d’Avangrid. Le projet prévoit la construction d’une nouvelle ligne de transport de plus de 230 kilomètres en sol américain, entre la frontière québécoise et la ville de Lewiston, au sud du Maine. Son coût est estimé à 950 millions de dollars américains.
Une ligne devra également être construite du côté québécois, entre le poste des Appalaches, situé près de Thetford Mines, et la frontière séparant le Québec et le Maine. On ne sait pas encore exactement à quel endroit passera cette ligne ni combien elle coûtera, mais selon le tracé mis en ligne par Central Maine Power, elle devrait traverser la frontière américaine près de Lac-Mégantic.
«Les variantes de tracé vont être développées en collaboration avec les communautés d’accueil», souligne Lynn StLaurent, d’Hydro-Québec, en précisant que la phase d’avantprojet débutera au cours des prochaines semaines avec l’élaboration des études techniques et environnementales et la consultation des acteurs locaux.
La portion américaine du projet n’a pas encore reçu les autorisations gouvernementales nécessaires, mais ses promoteurs comptent les obtenir d’ici le début de l’année prochaine. Le projet est par ailleurs dénoncé par certaines compagnies productrices d’énergie du Maine, qui estiment qu’il nuira à leur compétitivité.
Projet toujours sur la table
Pour ce qui est du projet Northern Pass, sur lequel Hydro-Québec mise depuis des années pour accroître ses exportations d’électricité, il est toujours sur la table, ont insisté mercredi la société d’État et son partenaire américain Eversource.
« Malgré les récents délais, nous continuons de penser que Northern Pass est le meilleur projet pour la région et le New Hampshire, et nous avons l’intention d’utiliser toutes les options possibles pour qu’il devienne réalité », a fait valoir le promoteur américain par voie de communiqué.
Le projet a d’abord été considéré pour acheminer l’hydroélectricité québécoise à trois États de la Nouvelle-Angleterre (le Massachusetts, le Connecticut et le Rhode Island), mais le contrat d’approvisionnement a échappé à Hydro-Québec en octobre 2016. Le rejet de mercredi constitue donc un deuxième revers.
«On pense qu’il peut certainement y avoir d’autres opportunités pour le projet Northern Pass», soutient Lynn St-Laurent, d’Hydro-Québec, en évoquant l’appétit des États américains pour de l’énergie propre.
«La transition énergétique ne prend pas fin en 2018, ditelle. Nous sommes convaincus que les besoins sont grands et vont demeurer grands dans les prochaines années. »