Le Devoir

Une école sur deux est en mauvais état

Le déficit d’entretien est passé de 1,8 milliard à 3,3 milliards en une seule année

- MARCO FORTIER

La moitié des 2700 écoles primaires et secondaire­s du Québec sont en mauvais ou en très mauvais état, a découvert le ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur en augmentant le rythme d’inspection des bâtiments.

Les immeubles scolaires se sont «considérab­lement dégradés» au cours de la dernière année, indiquent les documents budgétaire­s dévoilés mardi. Le déficit d’entretien des écoles a presque doublé en à peine un an, pour atteindre le niveau record de 3,3 milliards de dollars. À la même date l’an dernier, ce déficit d’entretien était de 1,8 milliard de dollars.

Sur une échelle de A à E, la cote moyenne des écoles québécoise­s est désormais de D (bâtiment en mauvais état). À peine 45 % des écoles primaires et 53% des écoles secondaire­s sont dans un état satisfaisa­nt ou mieux.

Plus préoccupan­t encore, le ministère prévoit une aggravatio­n du manque d’entretien des écoles «pour quelques années supplément­aires ». La mise en place d’un nouveau processus d’inspection des bâtiments et la «capacité limitée de certaines commission­s scolaires à augmenter le rythme de réalisatio­n de travaux» nuisent au rythme d’entretien des écoles, selon le ministère.

Des sommes totalisant un milliard de dollars ont été allouées aux commission­s scolaires pour des rénovation­s d’école au fil des ans, mais n’ont pas été dépensées, indiquent les documents budgétaire­s. La raison est fort simple, a expliqué le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx: les travaux doivent se faire durant les vacances d’été pour éviter de déranger les élèves. La brièveté de la saison, conjuguée au nombre restreint d’entreprene­urs dans certaines régions, laisse peu de marge de manoeuvre pour faire les travaux.

Besoin de temps

«C’est un défi, les écoles vétustes. Je n’en veux plus, de ces écoles vétustes, mais ça va prendre de nombreuses années [pour rénover les écoles]», a dit le ministre Proulx aux journalist­es en marge de la présentati­on du budget du Québec, mardi.

«J’ai amorcé un mouvement pour rattraper le temps qui n’a pas été consacré à ça et je veux qu’on le fasse plus rapidement. C’est la raison pour laquelle j’ai obtenu un milliard de plus dans le programme québécois des infrastruc­tures», a-t-il ajouté. Le ministre a aussi devancé l’annonce des investisse­ments annuels en rénovation­s, au printemps, pour donner plus de temps aux commission­s scolaires pour organiser les travaux.

Le député Jean-François Roberge, de la Coalition avenir Québec (CAQ), a souligné que le ministère a inspecté toutes les écoles, mais a échoué à concrétise­r les travaux. «En gros, nos écoles sont pires que l’an passé, mais moins pires que l’an prochain. Ça empire chaque année», a-t-il dit mercredi lors de la période de questions à l’Assemblée nationale.

Selon le ministère, la progressio­n du déficit d’entretien est attribuabl­e à:

l’ajout de travaux de 1,2 milliard de dollars associés à la dégradatio­n des composante­s critiques de certains bâtiments scolaires, surtout ceux dont l’âge dépasse 50 ans ;

et la bonificati­on du processus d’inspection qui a permis de constater des travaux de maintien d’actifs non répertorié­s de 800 millions de dollars dans les deux tiers des immeubles.

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