Le Devoir

Lucy Francineth Granados s’est trahie en voulant régularise­r sa situation

- SARAH R. CHAMPAGNE

Elle espérait régularise­r sa situation. Trahie par ses démarches, Lucy Francineth Granados sera expulsée sans interventi­on ministérie­lle. Ni le ministre fédéral de l’Immigratio­n, Ahmed Hussen, ni celui de la Sécurité publique, Ralph Goodale, qui détiennent les clés d’un sursis, n’ont encore répondu à l’appel de ses proches.

Arrêtée la semaine dernière, puis détenue à Laval, cette femme du Guatemala devait être expulsée mardi. Son expulsion a été suspendue en raison de son hospitalis­ation lundi soir.

C’est bel et bien en déposant une demande de résidence permanente pour motifs humanitair­es en septembre 2017 que Mme Granados a été retrouvée par l’Agence des services frontalier­s du Canada (ASFC). Cette demande a fait en sorte qu’elle «est revenue à l’attention de l’ASFC », lit-on dans un résumé d’une audience sur sa détention.

La demande en question a été déposée devant le ministère de l’Immigratio­n, puis communiqué­e à l’ASFC, qui a alors enquêté pour retrouver son adresse.

«C’est ce qui me paraît le plus tordu et qui nous frappe. Une personne a essayé de régularise­r son statut à travers des moyens institutio­nnels et on la traite comme un animal à qui l’on a tendu un piège. J’ai de la peine et je suis en colère», a exprimé Alonso Gamarra, membre de Solidarité sans frontières.

Cri du coeur

En compagnie des proches de la Guatémaltè­que, ce groupe a lancé un cri du coeur dimanche pour supplier les autorités de «laisser Lucy rester».

«Le 20 mars, lorsque des agents se sont présentés chez elle, Madame a tenté de fuir par la porte arrière à moitié habillée», lit-on encore dans les notes d’audiences rédigées par la Commission de l’immigratio­n et du statut de réfugié (CISR).

Cette commission a de nouveau statué mercredi que Mme Granados devait demeurer détenue en raison du risque de fuite élevé avant son expulsion. Aucune date n’a encore été communiqué­e à cet effet, a affirmé M. Gamarra.

Au Canada depuis 2009, Mme Granados avait vu sa demande d’asile déboutée, ainsi qu’un examen des risques avant son renvoi refusé, tous deux en 2012. Un mandat d’arrestatio­n a été lancé lorsqu’elle ne s’est pas présentée pour son départ le 15 août 2012.

Se disant menacée depuis la mort de son mari aux mains des gangs « maras », Lucy Francineth Granados a laissé ses enfants aux soins de sa mère. Elle affirme être aujourd’hui le seul soutien financier de sa famille.

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