Le Devoir

Des militants à la rescousse des démissionn­aires

- MARIE VASTEL Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa Avec Hélène Buzzetti

Des militants bloquistes veulent éviter que la crise intestine qui divise le Bloc québécois nuise à la cause souveraini­ste aux prochaines élections fédérales. Ils somment donc les instances et la chef Martine Ouellet de laisser le champ libre aux députés démissionn­aires du Bloc, en 2019.

L’exécutif bloquiste de la circonscri­ption de Louis-Hébert a adopté une résolution la semaine dernière — dont Le Devoir a obtenu copie — qui réclame « qu’à défaut de réconcilia­tion, le parti ne présente pas de candidats dans les circonscri­ptions où sont les députés démissionn­aires ».

L’objectif est simple: éviter une division du vote qui permettrai­t à l’un des trois partis fédéralist­es de se faire élire dans les circonscri­ptions des sept députés qui ont quitté le caucus bloquiste le mois dernier.

« C’est fini, la division inutile des votes. Mieux vaut avoir des indépendan­tistes qui ont de bonnes chances de regagner — du moins, ils en ont plus que bien d’autres — que d’aller leur faire la guerre dans le comté», argue au Devoir une source au sein du conseil de direction bloquiste du comté, qui prévient que la résolution sera «inévitable­ment» abordée au conseil général du Bloc québécois fin avril.

Les membres du conseil de direction de Louis-Hébert espèrent que, d’ici là, d’autres circonscri­ptions appuieront leur demande, a pour sa part indiqué au Devoir une autre membre de l’associatio­n.

La demande n’a cependant pas été adoptée à l’unanimité. Quatre membres de l’associatio­n bloquiste de Louis-Hébert l’ont appuyée, un autre s’est abstenu tandis que le président, Benoît Lemieux, s’y est opposé.

M. Lemieux siège au bureau national du Bloc québécois — sorte de conseil de direction du parti — et fait partie des fidèles alliés de Martine Ouellet. M. Lemieux avait signé la lettre d’appui de présidents de circonscri­ption à la chef, début mars, mais s’était rapidement fait rappeler à l’ordre par ses militants, qui étaient furieux de cette prise de position.

Les bloquistes de Louis-Hébert auraient carrément réclamé une assemblée générale spéciale pour faire le point sur cette affaire, avait confié une source au Devoir la semaine dernière. M. Lemieux n’a pas rappelé Le Devoir mercredi.

Le député bloquiste Xavier Barsalou-Duval, qui est un proche de Mme Ouellet, n’a pas voulu «prédire les actions» qu’entreprend­ra le parti en vue de l’élection fédérale dans un an et demi, lorsque Le Devoir lui a demandé s’il serait prêt à laisser le champ libre aux démissionn­aires. «Ils sont toujours les bienvenus, mais il sera important qu’il y ait un ralliement et que ce soit clair», a-t-il affirmé.

Les bloquistes se rencontrer­ont en conseil général le 29 avril prochain. La propositio­n de Louis-Hébert pourrait en effet y être présentée à titre de «résolution d’urgence», mais elle pourrait être rejetée par le comité de recevabili­té.

Si plusieurs associatio­ns de circonscri­ptions se joignaient à la demande de Louis-Hébert, cela pourrait toutefois peser dans la balance, estiment certains.

L’objectif est simple: éviter une division du vote qui favorisera­it l’un des trois partis fédéralist­es dans les circonscri­ptions des sept députés

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