Le Devoir

Facebook — j’aime, j’aime pas… et puis ?

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Selon une étude réalisée par Wu Youyou, Michal Kosinski et David Stillwell de l’Université de Cambridge, parue dans la revue PNAS en janvier 2015, après une dizaine de clics «j’aime/j’aime pas», les jugements de personnali­té faits par l’informatiq­ue sont plus précis que ceux faits par les humains. Par exemple, après plus de 10 clics, le système informatiq­ue vous connaît mieux que vos collègues de travail; après plus de 70 clics, il vous connaît mieux qu’un ami ou un colocatair­e; après plus de 150 clics, c’est mieux qu’un membre de la famille; et après plus de 300 clics, c’est mieux que votre époux ou épouse.

Il n’est donc pas surprenant que Cambridge Analytica ait pu acquérir un profilage de sous-groupes pour influencer des votes lors des dernières élections américaine­s en utilisant des données provenant de Facebook.

Selon Benjamin Bayart, cofondateu­r de Quadrature du Net, les fondamenta­ux de la compagnie Facebook sont viciés. Les utilisateu­rs sont les produits à vendre. La question est: à qui vend-on ces données? Comme Facebook ne semble pas vouloir changer de modèle d’affaires (le revenu net en 2017 s’élevait à 24 milliards $US— source: Statistica.com) et que nous n’avons aucune garantie que la compagnie ne vendra plus ses données, il est impératif de se soustraire de ce type de réseau. Mais chacun est libre de faire ce choix. Par contre, une autre ap- proche serait de limiter l’accès à ces clics «j’aime/j’aime pas», en particulie­r lorsqu’il s’agit d’organismes publics comme RadioCanad­a et la CBC. Car ce faisant, ils «collaboren­t» au profilage de leurs auditoires. Le coût social de ces clics «j’aime/j’aime pas» est trop élevé, car dans les faits, c’est la démocratie que l’on met en péril. Bref, c’est nous qui sommes les dindons de la farce et c’est nous qui avons le plus à perdre.

En attendant une législatio­n sur la protection de nos données, il est impératif que tout organisme public se soustraie de Facebook ou de toute autre plateforme sujette à manipuler nos données pour l’avenir de la démocratie.

Diane Germain

Pont-Rouge, le 27 mars 2018

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