Le Devoir

Le Québec connaît sa plus forte création d’emplois en 15 ans.

Nouvelle et analyse.

- GÉRARD BÉRUBÉ

Le marché du travail au Québec a enregistré en 2017 sa plus forte création d’emplois en 15 ans. S’ajoute au bilan un taux d’emploi chez les 15-64 ans poussé à un sommet depuis que les données sont disponible­s.

Dans son bilan 2017 publié jeudi, l’Institut de la statistiqu­e du Québec (ISQ) souligne que le Québec comptait plus de 4,2 millions d’emplois au 31 décembre dernier, soit 90 200 ou 2,2 % de plus qu’à la fin de 2016. «Il faut remonter jusqu’en 2002 (+123 000, +3,6%) pour observer une hausse plus forte.» En 2016, la progressio­n avait été de 36 100. À ce tableau se greffe un taux d’emploi à 60,9 %. Chez les 15-64 ans, il s’élève à 74% et «atteint ainsi un sommet depuis 41 ans, soit depuis que les données sont disponible­s », ajoute l’ISQ.

Et cette création devrait se poursuivre en 2018 pour une quatrième année consécutiv­e après la stationnar­ité mesurée en 2014. L’Institut reprend les prévisions des économiste­s pour retenir que la progressio­n prévue oscillerai­t entre 0,9 et 1,8%, sur la base d’une croissance du PIB attendue entre 1,8 et 2,3 %.

Part des 55 ans et plus

En 2017, la croissance de l’emploi a été plus élevée chez les hommes que chez les femmes, avec une poussée de quelque

64 700 et de 25 400 respective­ment. Autre fait saillant, à 20,6%, la part des 55 ans et plus dans l’emploi est plus élevée que celle des jeunes de 15 à 24 ans, qui se situe à 13%. L’ISQ fait ressortir que ces parts étaient quasi identiques dix ans plus tôt, soit à 14,7 et 14,1 % respective­ment.

« Au cours de la dernière décennie, les 55 ans et plus ont accentué leur présence sur le marché de l’emploi en raison du vieillisse­ment de la main-d’oeuvre ainsi que de leur participat­ion accrue au marché du travail […] C’est depuis 2009 que le nombre des 55 ans et plus en emploi devance celui des jeunes de 15 à 24 ans», peut-on lire dans le document de l’Institut.

À l’autre extrémité, on dénombre 43 000 chômeurs de moins entre 2016 et 2017, le Québec comptant 272 500 personnes au chômage au 31 décembre dernier. «C’est d’ailleurs la plus forte baisse du nombre de chômeurs observée depuis 1976. »

Cette vigueur de l’emploi s’est ressentie sur la rémunérati­on, qui a progressé trois fois plus vite que l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommati­on. L’an dernier, le salaire horaire moyen des employés québécois était de 24,94$, en hausse de 2,9% par rapport à 2016, une année au cours de laquelle l’augmentati­on de la rémunérati­on horaire moyenne avait été de 2,8 %.

Sur dix ans

L’ISQ propose également une lecture de 2007 à 2017. Au cours de cette période de dix ans, le nombre d’emplois dans l’économie québécoise a augmenté de 384 000, ou de 10%. Les hommes en comptent 198 000 et les femmes, 186 000, le poids des femmes dans l’emploi total demeurant stable durant cette période à 47,6%. «Au cours de la dernière décennie, environ les trois quarts de la croissance de l’emploi au Québec sont attribuabl­es à l’emploi à temps plein (+285 100)», souligne l’ISQ. Sur la période, le nombre de personnes au chômage s’est replié de 28 000.

À titre de comparaiso­n, à l’échelle canadienne, le nombre de personnes actives sur le marché du travail frôlait les 19,7 millions en 2017, en hausse de 223 000. «Cette hausse se concentre au Québec, en Ontario, en Alberta et en ColombieBr­itannique», précise l’ISQ. Plus en détail, l’emploi est en progressio­n continue au Canada depuis la récession de 2009. Le gain de 2017, à 336 500 emplois ou à 1,9%, est «la plus forte enregistré­e depuis 2007 (+373 300, +2,3%)». Le Québec représente près de 23% de l’emploi au Canada en 2017 et il est à l’origine d’un peu plus du quart (27%) de la croissance de l’emploi au Canada pour la même année. L’Institut ajoute que, «parmi toutes les provinces canadienne­s, l’Ontario enregistre la plus forte hausse de l’emploi (+128 000) en 2017, et ce, pour une cinquième année de suite ».

Au cours de la période 2007-2017, la croissance de l’emploi s’élève à 9,8% au Canada et à 10% au Québec.

S’ajoute un recul de 114 000 chômeurs l’an dernier au Canada, après une hausse de 29 000 en 2016. «Le recul observé au Canada est dû notamment à la forte baisse au Québec (43 000), en Ontario (38 000) et en Colombie-Britanniqu­e (19 000). »

Cette vigueur de l’emploi s’est ressentie sur la rémunérati­on, qui a progressé trois fois plus vite que l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommati­on

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