Le Devoir

Données personnell­es : pas de loi avant les élections, tranche Weil

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

Kathleen Weil écarte la possibilit­é de légiférer afin d’interdire aux partis politiques d’acquérir des données d’internaute­s québécois sans leur consenteme­nt avant les prochaines élections générales. Le temps manque, selon elle.

«Ça prend plus de temps, plus de consultati­ons, etc. L’objectif, c’est [de changer les choses avant] les prochaines élections», a soutenu la ministre responsabl­e de la Réforme des institutio­ns démocratiq­ues, jeudi.

Pourtant, Kathleen Weil a réussi cet hiver à convaincre l’Assemblée nationale d’adopter le projet de loi visant à resserrer l’accès aux documents du Conseil des ministres moins de 30 jours après l’avoir déposé.

Mme Weil se donne 10 jours pour trouver un acteur «indépendan­t» et «crédible» qui pourra s’assurer qu’aucun parti politique ne possède de données à grande échelle (big data) de comporteme­nts d’électeurs québécois obtenues sans le consenteme­nt de ces derniers.

«[Il s’agirait d’une] mesure qui ferait en sorte de rassurer les électeurs par rapport au fait que la confidenti­alité de leurs informatio­ns personnell­es est bien protégée», a-telle déclaré près de deux semaines après l’éclatement du scandale Facebook-Cambridge Analytica.

Fin de non-recevoir

Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) lui a opposé une fin de non-recevoir. Une telle pratique n’est pas prévue à la loi, a-t-il précisé.

«Il n’y a aucune loi qui interdit ou balise l’utilisatio­n par les partis politiques de ces données-là», rappelle le professeur au Départemen­t de science politique de l’Université Laval Thierry Giasson.

«Si on veut reconnaîtr­e des infraction­s à certaines pratiques, c’est le législateu­r, Mme Weil, qui est responsabl­e de la Loi électorale, qui doit lancer un travail de révision de la Loi. » La lecture de la législatio­n française en la matière constitue un bon point de départ, selon lui.

Rien n’empêche le DGEQ de convoquer le comité consultati­f, qui est formé des formations politiques représenté­es à l’Assemblée nationale, afin de réfléchir aux modificati­ons à apporter à la Loi électorale, a convenu Mme Weil jeudi.

«Avec de la bonne volonté, on est toujours capables d’agir rapidement », a dit de son côté la vice-chef du Parti québécois, Véronique Hivon, jeudi.

Motion de QS

Les élus libéraux refusent mordicus d’appuyer, entretemps, une motion de Québec solidaire visant à contraindr­e les partis politiques représenté­s à l’Assemblée nationale à «dévoiler les contrats ou ententes qu’ils ont avec des entreprise­s de collecte de données».

L’élu solidaire Gabriel Nadeau-Dubois soupçonne le gouverneme­nt libéral de chercher à «noyer le poisson».

La ministre Kathleen Weil a assuré les médias que le Parti libéral du Québec ne possède pas de données sur des Québécois sans avoir obtenu préalablem­ent leur accord.

«Je peux le dire et les gens peuvent me croire et ils devraient me croire, mais qu’estce que j’en sais. […] J’aimerais bien que ce soit une tierce partie qui vous le confirme. »

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