Le Devoir

Dessinez-vous une place publique

Au Plateau-Mont-Royal, ce sont les citoyens qui imagineron­t l’aménagemen­t d’un parc urbain

- ANNABELLE CAILLOU

Le terrain laissé à l’abandon au coeur de l’avenue MontRoyal, entre les rues Boyer et Mentana, reprendra vie dès le mois de mai.

L’arrondisse­ment du Plateau-Mont-Royal proposera ce printemps aux Montréalai­s, en effet, de tester trois scénarios d’aménagemen­t pour remplacer l’ancienne station essence Esso, a appris Le Devoir. La place publique s’intégrera définitive­ment dans le paysage de l’avenue en 2020.

Résidents, passants et commerçant­s ont eu carte blanche pour rêver la place dont ils ont besoin dans ce quartier achalandé de la métropole. Une consultati­on publique lancée en novembre sur Internet et sur le terrain, sous forme de groupes de discussion, invitait la population à repenser de A à Z ce terrain vague, non loin de la station de métro Mont-Royal. Un millier de personnes ont répondu à l’appel.

«Le processus de consultati­on, c’est l’aspect dont on est le plus fier, se félicite Maeva Vilain, conseillèr­e d’arrondisse­ment. Ça n’arrive plus si souvent que les citoyens puissent s’approprier un espace public et décider de sa vocation. »

Plusieurs idées étaient sur la table. Marché public, fontaine, parc pour enfant, coin lecture… Difficile de parvenir à un consensus quant à savoir comment utiliser cet emplacemen­t.

Se rencontrer, se détendre, se divertir: trois concepts d’aménagemen­t distincts, pensés par la firme de design montréalai­se Castor et Pollux — connue pour avoir réalisé les Terrasses Roy — seront testés tour à tour à compter du 21 mai, et ce, jusqu’à la fin octobre.

«C’est important d’avoir un espace public accessible à tous, note Mme Vilain. On a de belles terrasses sur l’avenue MontRoyal, mais ce n’est pas tout le monde qui peut se payer une bière ou un latté pour relaxer. »

Trois essais participat­ifs

Le premier scénario, lancé le 21 mai, offrira un lieu de rencontre aux citoyens, s’inspirant d’une place publique traditionn­elle, entourée de verdure et dotée d’une fontaine au centre. Un lieu pour se retrouver et discuter en retrait du bouillonne­ment de l’avenue, assis sur un banc.

Fin juin, la place se transforme­ra en «salon de verdure », conforméme­nt au second plan de la firme de design, se voulant avant tout un espace de repos. «On pourra flâner, s’isoler entre deux bacs à fleurs pour lire au soleil, rafraîchi par des brumisateu­rs», décrit la conseillèr­e d’arrondisse­ment.

À la fin de l’été, le 962 de l’avenue Mont-Royal s’animera davantage pour faire office de lieu de divertisse­ment, accueillan­t plusieurs événements et animations.

Maeva Vilain se dit particuliè­rement fière que le développem­ent durable ait été largement mis en avant. Le mobilier sera chaque fois réutilisé d’un concept à l’autre.

Des bacs de plantation, qui se trouvaient autrefois sur la rue Prince-Arthur, seront utilisés puisqu’il sera impossible de planter des arbres directemen­t dans le sol, les aménagemen­ts étant temporaire­s.

«On va isoler les bacs pour pouvoir garder les mêmes végétaux [dans le projet définitif]. Le mobilier des aménagemen­ts provisoire sera utilisé dans d’autres projets ensuite, dans des ruelles, des parcs, etc.», précise-t-elle.

Participat­ion citoyenne

Pendant la période test de six mois, l’entreprise Castor et Pollux récoltera les opinions des citoyens à travers un sondage en ligne et des ateliers participat­ifs sur le terrain. Elle obser vera aussi comment chacun s’approprie l’endroit grâce à des caméras installées 24/7.

«Ce n’est pas de la surveillan­ce pour faire des rapports sur les incivilité­s, assure Mme Vilain. C’est vraiment pour que la firme voie comment l’espace est utilisé, c’est important d’avoir une image fidèle à la réalité. […] Si tel aménagemen­t génère du bruit, là, on fera attention.»

Il faudra attendre 2020 pour que la place prenne sa forme définitive. Un concours de design sera lancé en 2019. Pendant ce temps, le dernier scénario, sous le thème «se divertir », restera en place.

Au total, ce projet a coûté à la Ville 218 000$, de la conception aux consultati­ons en passant par l’installati­on des aménagemen­ts.

Terrain à l’abandon

Après plus de 90 ans de service, la station essence Esso — qui a appartenu à la famille de Jean-Pierre Ferland — a plié bagage en novembre 2014, laissant un grand vide sur l’avenue Mont-Royal.

L’arrondisse­ment a finalement racheté le terrain en juin 2017 pour 2,5 millions. «Un prix abordable» qui incluait la décontamin­ation et la destructio­n du bâtiment aux frais de l’entreprise, effectuées en 2016.

«Il n’y a pas souvent des occasions sur le territoire pour faire des acquisitio­ns aussi intéressan­tes que ça», soutient Maeva Vilain.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Après plus de 90 ans de service, la station essence Esso a fermé ses portes en novembre 2014, laissant un grand vide sur l’avenue du Mont-Royal.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Après plus de 90 ans de service, la station essence Esso a fermé ses portes en novembre 2014, laissant un grand vide sur l’avenue du Mont-Royal.

Newspapers in French

Newspapers from Canada