Desjardins : quelques nuances… essentielles
Pour l’abonné du Devoir et administrateur de ma caisse locale que je suis, il devient exigeant de se soustraire aux critiques à l’égard du Mouvement Desjardins. Ce qui est le plus exaspérant est cette tendance à porter un jugement sur la nature coopérative de l’organisation en procédant par amalgame. Désolé pour ces critiques, mais avec une fine lecture des règles d’actions coopératives, Desjardins est et reste une coopérative: la propriété de l’organisation est collective ; le pouvoir repose sur la règle d’un membre, un vote ; le partage des résultats se fait selon l’usage des ser vices (prêts, dépôts) ou en ristourne collective de type investissement dans des projets structurants au bénéfice de la communauté, et le patrimoine de l’organisation qui est de plusieurs milliards de dollars est simplement inaliénable. Faites le test, aucun concurrent de Desjardins ne le passe !
Dans le contexte de la rapide transformation de l’industrie des services financiers et des habitudes de consommation portée par la vague numérique, je conviens qu’un défi important de Desjardins est de trouver le point d’équilibre «intergénérationnel»: des jeunes qui réalisent l’essentiel de leurs transactions en mode virtuel, des aînés pour qui l’accès à un guichet reste la norme. De plus, la fermeture de guichets dans certains milieux peut avoir un impact sous-estimé quant à la pérennité de ces milieux de vie. Le dialogue et la recherche de solutions novatrices associant les élus municipaux me semblent incontournables.
Ne perdons jamais de vue que Desjardins, avec la taille de son sociétariat, soit plus de 60% de la population du Québec — quelque chose d’unique au monde en matière de pénétration d’une organisation coopérative —, est aussi le reflet de notre société : traversée par des débats, des tendances. Au final, bien que perfectible, la dose de démocratie qu’insuffle l’organisation à l’économie me rend fier ! Jean-Pierre Girard
Montréal, le 29 mars 2018