Le Devoir

Une réponse partielle sur les diplômes obtenus à l’étranger

- DANIELLE BOUÉ Vice-présidente du Conseil interprofe­ssionnel du Québec et présidente de l’Ordre des technologu­es en imagerie médicale, en radio-oncologie et en électrophy­siologie médicale du Québec

L’Institut du Québec (IQ) a diffusé lundi dernier son plus récent rapport, La reconnaiss­ance des diplômes obtenus à l’étranger. L’une des clés de l’intégratio­n des immigrants au Québec. Ce rapport, qui vient tracer certaines pistes d’action devant permettre au Québec de faire face au vieillisse­ment de sa population et aux défis reliés au taux de chômage historique­ment bas que nous connaisson­s actuelleme­nt, nous apparaît grandement incomplet.

Alors que l’Institut présente le processus de reconnaiss­ance des diplômes effectué par les ordres profession­nels comme étant presque «la seule» réponse au défi démographi­que, il s’agit plutôt, selon nos données, d’une réponse très partielle. En effet, moins de 10 % des 50 000 immigrants en 2016-2017 ont demandé à rejoindre un ordre profession­nel.

Rappelons-nous qu’un ordre profession­nel a pour mission de protéger la population en garantissa­nt la compétence des personnes ayant un permis de pratique dans une profession donnée. Les balises qu’il se donne sont adoptées par le gouverneme­nt du Québec et l’ordre doit les appliquer avec une grande diligence afin de s’assurer que les immigrants possèdent les compétence­s équivalent­es à celles des personnes formées au Québec. Les équipes en place pour l’admission aux 46 profession­s souhaitent intégrer rapidement un maximum de personnes compétente­s, mais aucun sacrifice ne sera fait sur l’évaluation de la qualité des candidatur­es reçues.

Des recommanda­tions déjà en place

Le rapport de l’IQ se permet de faire plusieurs recommanda­tions au gouverneme­nt et aux ordres profession­nels. Je suis heureuse aujourd’hui de répondre que plusieurs de celles-ci sont déjà mises en oeuvre.

En effet, pour la majorité des profession­s régies par un ordre, il est possible pour la personne immigrante d’obtenir une reconnaiss­ance de ses diplômes à partir de son pays d’origine. Ce processus est indépendan­t du processus d’immigratio­n et s’entame dès le dépôt d’une demande d’analyse auprès de l’ordre concerné. Le délai pour l’analyse d’un dossier par un ordre profession­nel est, en moyenne, de moins de trois mois.

L’IQ suggère également d’accélérer le traitement des dossiers en comparant d’autres candidats de la même origine. Cette pratique est déjà courante au sein de plusieurs ordres, qui s’assurent cependant d’analyser d’autres facteurs que le simple diplôme avant de déterminer les étapes à franchir pour l’obtention d’un permis de pratique. L’expérience profession­nelle et les acquis expérienti­els ont également une influence sur le reste du chemin à parcourir.

Plusieurs chantiers sont en cours afin d’améliorer la trajectoir­e d’intégratio­n en emploi des profession­nels formés à l’étranger. Le Conseil travaille conjointem­ent avec tous les acteurs du Pôle de coordinati­on pour l’accès à la formation en plus de collaborer avec Qualificat­ion Montréal et le gouverneme­nt du Québec dans la mise sur pied d’un guichet unique devant rassembler toute l’informatio­n sur la reconnaiss­ance des acquis et compétence­s et la rendre facilement disponible pour les personnes immigrante­s.

De plus, le Conseil documente actuelleme­nt la situation des candidats formés à l’étranger afin de fournir un portrait complet et fidèle de la situation. Ces travaux permettron­t de conseiller le gouverneme­nt dans la mise en oeuvre de solutions durables pour faciliter l’intégratio­n des néo-Québécois aux 46 ordres profession­nels.

Malgré tous ces travaux, je tiens également à rappeler une réalité trop souvent occultée: un ordre profession­nel n’est pas une entreprise garantissa­nt des emplois dans un domaine, ni pour les candidats étrangers ni pour les candidats québécois.

Les ordres profession­nels travaillen­t avec rigueur dans plusieurs volets de cet important dossier et je trouve dommage qu’un organisme sérieux comme l’Institut du Québec véhicule encore des préjugés basés sur des analyses partielles et une étude bien incomplète de la situation.

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