Une réponse partielle sur les diplômes obtenus à l’étranger
L’Institut du Québec (IQ) a diffusé lundi dernier son plus récent rapport, La reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger. L’une des clés de l’intégration des immigrants au Québec. Ce rapport, qui vient tracer certaines pistes d’action devant permettre au Québec de faire face au vieillissement de sa population et aux défis reliés au taux de chômage historiquement bas que nous connaissons actuellement, nous apparaît grandement incomplet.
Alors que l’Institut présente le processus de reconnaissance des diplômes effectué par les ordres professionnels comme étant presque «la seule» réponse au défi démographique, il s’agit plutôt, selon nos données, d’une réponse très partielle. En effet, moins de 10 % des 50 000 immigrants en 2016-2017 ont demandé à rejoindre un ordre professionnel.
Rappelons-nous qu’un ordre professionnel a pour mission de protéger la population en garantissant la compétence des personnes ayant un permis de pratique dans une profession donnée. Les balises qu’il se donne sont adoptées par le gouvernement du Québec et l’ordre doit les appliquer avec une grande diligence afin de s’assurer que les immigrants possèdent les compétences équivalentes à celles des personnes formées au Québec. Les équipes en place pour l’admission aux 46 professions souhaitent intégrer rapidement un maximum de personnes compétentes, mais aucun sacrifice ne sera fait sur l’évaluation de la qualité des candidatures reçues.
Des recommandations déjà en place
Le rapport de l’IQ se permet de faire plusieurs recommandations au gouvernement et aux ordres professionnels. Je suis heureuse aujourd’hui de répondre que plusieurs de celles-ci sont déjà mises en oeuvre.
En effet, pour la majorité des professions régies par un ordre, il est possible pour la personne immigrante d’obtenir une reconnaissance de ses diplômes à partir de son pays d’origine. Ce processus est indépendant du processus d’immigration et s’entame dès le dépôt d’une demande d’analyse auprès de l’ordre concerné. Le délai pour l’analyse d’un dossier par un ordre professionnel est, en moyenne, de moins de trois mois.
L’IQ suggère également d’accélérer le traitement des dossiers en comparant d’autres candidats de la même origine. Cette pratique est déjà courante au sein de plusieurs ordres, qui s’assurent cependant d’analyser d’autres facteurs que le simple diplôme avant de déterminer les étapes à franchir pour l’obtention d’un permis de pratique. L’expérience professionnelle et les acquis expérientiels ont également une influence sur le reste du chemin à parcourir.
Plusieurs chantiers sont en cours afin d’améliorer la trajectoire d’intégration en emploi des professionnels formés à l’étranger. Le Conseil travaille conjointement avec tous les acteurs du Pôle de coordination pour l’accès à la formation en plus de collaborer avec Qualification Montréal et le gouvernement du Québec dans la mise sur pied d’un guichet unique devant rassembler toute l’information sur la reconnaissance des acquis et compétences et la rendre facilement disponible pour les personnes immigrantes.
De plus, le Conseil documente actuellement la situation des candidats formés à l’étranger afin de fournir un portrait complet et fidèle de la situation. Ces travaux permettront de conseiller le gouvernement dans la mise en oeuvre de solutions durables pour faciliter l’intégration des néo-Québécois aux 46 ordres professionnels.
Malgré tous ces travaux, je tiens également à rappeler une réalité trop souvent occultée: un ordre professionnel n’est pas une entreprise garantissant des emplois dans un domaine, ni pour les candidats étrangers ni pour les candidats québécois.
Les ordres professionnels travaillent avec rigueur dans plusieurs volets de cet important dossier et je trouve dommage qu’un organisme sérieux comme l’Institut du Québec véhicule encore des préjugés basés sur des analyses partielles et une étude bien incomplète de la situation.